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2015 : L’année des doutes

30-12-2014 22:28  Rafik Benasseur

Dans quelles circonstances allons-nous dire adieu à l’année 2014 et accueillir la nouvelle année 2014 ? C’est une Algérie en plein doute à tout point de vue qui s’apprête à fêter le nouvel an.

Sans doute dans la douleur parce que l’effondrement brutal des cours du pétrole, notre sève nourricière, a donné un coup au moral national.

C’est un mauvais cadeau de fin d’année que cette chute libre des prix de l’or noir que le gouvernement n’a pas pu ou su prévenir.

L’Algérie va –t-elle manger maintenant son pain noire ? Personne ne souhaite que l’Algérie replonge dans le cercle vicieux des ajustements structures et se retrouver dans les fourches caudines du FMI et de la Banque Mondiale.

C’est un scénario catastrophe, un cauchemar que les Algériens ne veulent pas revivre. Mais si le pays dispose objectivement d’une marge de manœuvre grâce précisément au bas de laine engrangé avec le pétrole très cher, rien ne dit que cette cagnotte ne sera pas siphonnée à moyen terme.

Au train où vont la dépense publique et surtout la promesse populiste du gouvernement de maintenir les subventions et autres transferts sociaux, il y a tout lieu de craindre le pire en effet.

Notre pays est économiquement dans ce que les experts appellent la zone grise; c'est-à-dire une zone de basculement comprise entre l’aisance et le besoin. Il serait donc suicidaire pour le gouvernement de garder ce cap dépensier dans un contexte pétrolier structurellement menaçant.

Après l’or noir, le pain noir ?

On devine l’arrière pensée des décideurs qui veulent maintenir à flot le moral national en multipliant des assurances à toutes épreuves. Ce n’est pas pourtant forcément une bonne attitude à avoir en pareilles circonstances.

Le langage de vérité, même crue, est parfois nécessaire pour sensibiliser les citoyens sur la gravité du moment et les inciter au mieux à ne pas trop demander à l’Etat ou pire consentir quelques sacrifices pour faire face à la crise.

Ceci d’autant plus que le pouvoir est seul responsable du piège dans lequel il s’est enfermé en usant et abusant de la rente pétrolière. Il faut rendre hommage ici au gouverneur de la Banque d’Algérie qui a eu le courage de tirer la sonnette d’alarme contrairement aux ministres des finances et de l’énergie qui rassuraient via un discours contorsionniste.

Ceci s’agissant de la situation économique. Au plan politique, 2014 aura été marquée par la maladie du président quasiment absent mis à part quelques rares apparitions protocolaires inévitables.

A la charge de ceux qui prétendent "qu’il gouverne avec sa tête et non pas avec ses pieds", l’Algérie a terriblement souffert de l’état de santé de son président, à moins d’être de mauvaise foi.

Le fait est que Abdelaziz Bouteflika va tout juste présider son 4ème Conseil des ministres en 12 mois !  Ç’en est trop peu pour gérer un pays aussi grand et aussi complexe comme l’Algérie.

Le changement c’est maintenant !

Dommage collatéral, le projet phare de son 4ème mandat à savoir la révision de la constitution reste encore pendant… Les consultations politiques emmené par Ouyahia sont juste destinées à contenir la protestation, à gagner du temps tant le président n’est pas physiquement en mesure d’exercer ses fonctions.

C’est donc un pays presque immobile et un peuple habité par le doute qui aborde la nouvelle année 2015. Les menaces diffusées à nos frontières conjuguées à l’affaiblissement drastique des recettes pétrolières mettent le pays dans une position qui ne s’accommode pas de demi mesure.

Il est en effet urgent d’ouvrir un processus d’ouverture politique en direction de tous les partis pour aboutir à cette généreuse idée de "consensus national".

Exit la diabolisation de l’opposition et la tentation autoritaire qui commence à faire monter la mayonnaise y compris dans les wilayas du Sud.

Que dire enfin de l’année 2015 sinon que le changement est plus que jamais pour maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Bonne année et que Dieu protège l’Algérie des mains criminelles. Amen.



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