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17 octobre 1961 : Qui s’en souvient ?

18-10-2013 19:44  Rafik Benasseur

La célébration des tragiques événements du 17 octobre 1961 a perdu de sa superbe. Vu d’Algérie, c’est juste une date qui revient presque, inopportunément, pour rappeler le mauvais souvenir de ce qu’a pu être cette funeste journée de la longue nuit coloniale. Inopportunément parce que, l’Algérie officielle est quasiment en noces avec la France ces derniers années.

Il ne fallait surtout pas gêner par une déclaration intempestive cette ambition de retrouvailles qui imprime les relations avec l’ancienne puissance coloniale. Le ton et la mode sont à l’ouverture d’une «nouvelle page» entre la France et l’Algérie. Soit. Mais est-il moralement acceptable de passer l’éponge sur l’une des pages les plus tragiques de la France coloniale au point de faire passer sous silence les atrocités commises un certains 17 octobre 1961 ?

Ce serait faire injure à nos valeureux martyrs d’ici et de là bas qui ont bravé la police du sinistre Papon pour que l’Algérie vive libre et heureuse. L’histoire d’un pays ne se construit pas par le reniement. Par le complexe du colonisé. C’est à la France d’avoir honte de son passé colonial et de son entreprise génocidaire en Algérie.

Le complexe a changé de camp

Mais quand, en Algérie, on éprouve comme un complexe, une incommodité en tout cas de devoir rappeler régulièrement à la France ses méfaits à chaque date, est-il raisonnable de tenir rancune à l’ancienne puissance coloniale ? Certainement pas. C’est pourtant la ligne de conduite des autorités algériennes ces dernières années, au moins depuis le départ de Nicolas Sarkozy.

Encore que… On fait tout pour ne pas donner une dimension tragique aux célébrations comme s’il fallait prendre soin de ne pas susciter des réactions négatives de l’autre côté de la méditerranée. Célébrations sans tambours ni trompettes, comme l’avait promis l’ex ministre des affaires étrangères Mourad Medelci à l’Assemblée nationale française s’agissant du 50ème anniversaire de l’indépendance…

C’est hélas devenue la règle. L’histoire de notre glorieuse Révolution a subi de plein fouet les contre coups des stratégies politiciennes de pouvoir. Jadis on accusait la France de faire preuve de frilosité dés qu’il est question de reconnaître ses crimes en Algérie.

Merci qui ? Merci Jean-Jacques Béryl

Désormais elle n’est même pas obligée d’en dire un mot dés lors que les autorités algériennes expédient ces événements historiques en deux temps trois mouvements. A la guerre des mémoires, on a substitué la paix des mémoires. Pourquoi veut-on alors que le président François Hollande fasse un geste dans la bonne direction quand on ne lui exige rien d’Algérie ?

Dans ce registre, Hollande n’a pas fait mieux que Sarkozy bien qu’on a surdimensionné sa petite déclaration à Alger reconnaissant le massacre du 17 octobre, sans les autres massacres. Mais qu’avons-nous fait ici en Algérie pour réclamer que la France face avancer le devoir de mémoire ? Pas grand-chose.

A défaut, il faut remercier le metteur scène français Jean-Jacques Béryl, d’avoir rafraîchi la mémoire oublieuse des responsables algériens et français grâce à son fil documentaire «Le 17 octobre 1961, l’Ordre français». Mais aussi le maire de Paris Bertrand Delanoë d’avoir immortalisé le massacre par une plaque commémorative.

A bien y réfléchir fallait-il vraiment attendre quelques chose de grandiose de la part de nos autorités ?



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