Par Zerrouk Ahmed*
Le dernier numéro du Journal Officiel portant le numéro 76 et daté du 06 octobre 2021 comporte dans ses pages 5 à 9, le décret présidentiel 21-373 du 30 septembre 2021 fixant les attributions, l’organisation et les modalités de fonctionnement des structures centrales de l’agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement.
Ce texte réglementaire a été élaboré et finalisé, en exécution des dispositions de l’article 12, in fine, du décret présidentiel 20-42 du 11 février 2020 portant création de l’agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, publié au Journal Officiel 07 du 12 février 2020.
Une remarque s’impose, Elle est d’ordre temporel. En effet, il a fallu plus de dix-huit (18) mois -du 11 février 2020 au 30 septembre 2021-, pour que ce texte réglementaire qui ne nécessite ni une expertise particulière, ni des recherches fastidieuses et poussées pour son élaboration, soit soumis à la signature du Président de la République.
Est-ce concevable dans l’Algérie nouvelle, la nouvelle République prônée par le Président de la République, qu’un pareil texte règlementaire comportant vingt-six (26) articles, prenne tout ce temps, plus de 18 mois, pour qu’il soit formalisé, signé et publié au Journal Officiel ?
Est-ce concevable qu’une structure aussi importante et sensible, pour la diplomatie algérienne et le rayonnement et l’influence de l’Algérie dans le concert des Nations, notamment en Afrique, soit restée en « stand by » durant une année et demie ?
Est-ce concevable de tolérer dans l’Algérie nouvelle un tel comportement, une telle attitude et une telle désinvolture qui frisent l’insolence et qui est le reflet d’une insouciance parfaite, pour ne pas dire typique, de commis de l’Etat qui se croient tout permis ?
Est-ce concevable qu’une telle structure placée sous la tutelle de la Présidence de la République agisse de la sorte, avec autant de légèreté et de négligence, et en toute impunité ?
Est-ce concevable que le conseil d’orientation de cette agence, présidée par le directeur du cabinet de la Présidence de la République et qui comprend :
-le ministre chargé des affaires étrangères,
-le ministre chargé de l’intérieur et des collectivités locales,
-le ministre chargé des finances,
-le secrétaire général du ministère de la défense nationale,
et qui est tenu de se réunir en deux (2) sessions annuelles et en sessions extraordinaires, en tant que de besoin, conformément aux dispositions de l’article 8/1er alinéa du décret 20-42 du 11 février 2020 suscité, ait attendu toute cette période, plus de 18 mois, pour délibérer sur l’organisation interne de l’agence et « libérer » le projet du décret présidentiel y afférent ?
Est-ce concevable qu’une telle bureaucratie aussi criarde qu’indécente, puisse s’incruster à ce niveau de responsabilités et de prérogatives ?
Est-ce concevable…est-ce concevable…est-ce concevable. D’autres questions légitimes se posent et méritent d’être posées. Mais, il est temps de clôturer ce questionnement pour dire simplement qu’il appartient à chacun de prendre ses responsabilités pour que l’on puisse effectivement bâtir l’Algérie nouvelle, la nouvelle République, et se démarquer complètement du clientélisme et de « l’octroi » indu de responsabilités du régime corrompu et prédateur qui a sévi durant une vingtaine d’années sur cette terre de liberté, de fierté et de dignité qu’est notre pays, notre patrie, l’Algérie.
La fidélité au serment de nos 5.630.000 martyrs doit être notre seule guide et l’honneur de servir l’Etat et nos concitoyens doit être traduit dans les faits, et non rester un simple slogan aussi creux que vide de sens, afin que notre pays soit ancré pleinement et effectivement dans le progrès culturel, social et économique, et rayonne au niveau régional et international par sa présence active et son influence.
Cette lenteur administrative, ce fait d’avancer comme un escargot, a figé cette agence dans l’exercice de ses missions et attributions pourtant clairement déterminées par les dispositions de l’article 4 du décret présidentiel 20-42 du 11 février 2020 et a porté un réel préjudice à l’Algérie nouvelle dans sa volonté d’asseoir, encore plus, sa présence et son influence au niveau régional et international.
Il appartient à cette agence de rattraper le temps perdu par le sérieux, l’expertise, la compétence et une réelle et effective volonté de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique nationale de coopération internationale en matière économique, sociale, humanitaire, culturelle, cultuelle, éducative, scientifique et technique.
*ZERROUK Ahmed, ex-magistrat militaire