C’est un début de Ramadhan pour le moinssingulier et anxiogène que les algériensaffrontent comme un chemin de croix, caraux inévitables flambées des prix sur les marchés, viennent se greffer, cette année, des grèves dans l’Education et surtout AlgériePoste et, à partir de la semaine prochaine, dans les impôts. Le tout surfond de crise sanitaire et politiqueinscrits dans la durée.
Les deux premiers jours de Ramadhan n’ont donc pas dérogé à l'inévitable valsedes étiquettes sur les étales , malgré la disponibilité du produit, d’une part et en dépit des mises en gardes des autorités, d’autre part,contre la tentation vorace des marchands de racketter lesalgériens dont la majorité tirent la langue face aux assauts incessants contreleur pouvoir d’achat.
Une petite virée dans le marché couvertde Rouiba connu pour ses prix prohibitifs qui défient les petites boursespermet d’observer que leslégumes qui composent le panier de la ménagère en ce mois de Ramadhan sont en plein surchauffe.
Tomates, courgettes, petits pois,haricots verts, piments, poivrons pour ne citer que ces quelques « grosseslégumes » sont hors de portée de petites bourses qui sont, malheureusement, lagrande majorité dans la société algérienne.
C’est que même les petits marchands à la sauvette quiproposent habituellement leur produitssur les bas côtés de la route, à moindrecoût, sont traqués par la Police et lagendarmerie qui ont visiblement reçu l’ordre de sévir.
A la fièvre du marché est venue sejoindre une autre , celle du front social avec des grèves dans le secteur de l’Education, Algérie poste et prochainement les impôts , aprèscelle des personnels médicaux, la semaine dernière. La marmite sociale estentrain de bouillir et les grèves des médecins, des enseignants, des postiers sont autant de soupapes qui sautent sous unepression, à bas bruit, qui est beaucoupplus grande et plus large.
A cœur de ces grèves qui dessinent unfront social en proie à plusieurs départ de feu, le nerf de la guerre c'est l’argent.Des revendications salariales dans labouche de tous les syndicalistes qui ne cessent de dénoncer l’effondrement du pouvoir d’achat, sapé par les glissementssuccessifs et non déclarés des dinars et sa conséquence mécanique, l’inflation.
Des pans entiers de la populationalgérienne vivent aujourd'hui sous le seuil de la pauvreté, même si les statistiques officielles,souvent utilisées par les autorités pour farder la réalité chez nous , ne le disent pas.
Le nombre d’Algériens dont le revenumensuel es sous les 30.000 dinars dépasse les six millions, un chiffrerévélé incidemment par le président dela République, au lendemain de sa décision d’exonérer de l’IRG les revenus endessous de 30.000 dinars .Que dire alors de ceux qui sont alors à peine auSMIG!
En pointant ces réalités, ce n’est paspour verser de l’huile sur le feu, loin s’en faut, mais juste pour donner l’alerteà qui de droit, car la politique quiconsiste à mettre la poussière sous le tapis pour ne pas déparer dans le paysage de « l’Algérie nouvelle »risque d’être le pire des choix quiplomberait à coup sur l’ambition portée par ceslogan .
La situation financière du pays est beaucoup plus mal qu’on le dit, certes . Maisgouverner, c'est une affaire d'intuitions politiques. Un responsable doit avoir un coup d’avance pour anticiper les explosions ensourdine qui constituent aujourd'hui un vraie menace pour l'agenda politique.