Le député de Tamanrasset, ElBekkai El Hamal, vient de faire une grave révélation sur les conditions de viedes populations de Tin Zaouatine contraints ces derniers jours à exploser leurcolère.
Dans un entretien accordé à notreconfrère Liberté et publié aujourd’hui mercredi, ce député nous informe qu’unepartie de la population de cette localité de l’extrême sud est soignée dans un hôpitalde… l’armée française situé dans la ville de Tissalit au nord du Mali !
«Imaginezqu’une partie de la population de Tin Zaouatine va se soigner à Tessalit(distante de 80 km de la ville), dans un hôpital de l’armée française, grâcenotamment à la qualité des prestations et à la proximité géographique. Demain,certains pourront alors dire que «“la France nous veut du bien». Cela sepoursuit jusqu’à présent. Et cela pose problème», regrette, amer, El Bekkai El Hamel.
A l’heure où le débat ambiant (ouplutôt la polémique) fait rage sur les risques des ingérences étrangères maisaussi des accusations tous azimuts portées contre des activistes politiques, ceconstat concret et ôcombien dangereux a de quoi inquiéter.
Et pour cause ! Notre député qui brosse un tableau noir duvécu des gens de Tin Zaouatine et plus généralement de toutes les populationsdu Grand Sud en matière de développement local voire du minimum vital requis pour la vie, suggère que ces jeunesdesperados qui traversent la frontière pour aller se soigner chez l’arméefrançaise peuvent facilement être tentés par… le diable.
«Imaginez unjeune de 25 ans, chômeur, marié avec des enfants, éloigné de Tamanrasset par500 km de piste, mais proche du Mali. Si quelqu’un vient lui proposer 1 000,500 ou même 100 dollars et lui demande de tuer, il tuera parce qu’il a faim. Jene suis pas en train de justifier le terrorisme», explique El Bekkai El Hamel.
Pour lui, il n’y a pas que l’idéologiequi alimente le terrorisme mais aussi et surtout la «pauvreté».
Il est prêt àtuer…
C’est pour quoi le député met engarde les autorités centrales contre les menaces à venir avant qu’il ne soittrop tard. « Mais il faut qu’on prenne nos dispositions, parce que cesjeunes n’écoutent plus personne. Ils n’ont peur de personne. Ceux qui nousentourent (les groupes terroristes notamment) sont impitoyables : ils ont del’argent et ils savent comment manipuler les gens. Ils peuvent mobiliserfacilement. C’est pour cela qu’il ne faut pas qu’il y ait une faille entre l’arméeet la population locale».
Le député de l’APN pense qu’ilindispensable qu’il y ait une «fraternisation» entre le peuple et l’armée pour protégerles frontières. Mais auparavant, l’Etat doitmettre les moyens matériels et humains pour rassurer les populations et éviterqu’elles ne tombent dans les bras des terroristes.
Or c’est un grave constat decarence que dresse El Bekkai El Hamel en matière de structures hospitalières àTin Zaouatine.
«Lorsqu’en2017, il y a eu l’épidémie de rougeole, Il y a eu beaucoup de morts et lesautorités n’ont pas trouvé où mettre les cadavres, parce que la structure desanté ne compte que deux salles. Il était en plus impossible d’évacuer les genssur Tamanrasset à cause de l’éloignement et de l’absence de route», témoigne –t-il.
Y a-t-il vraimentune volonté politique de régler les problèmes de la région pour permette auxhabitants de mener une vie décente ? Réponse glaçante du député :
«Depuis monjeune âge, je n’entends que des promesses. Je vous donne un exemple : on nous apromis de l’eau à partir de Tin Zaouatine ou Timiaouine. L’étude a été faite.Mais il n’y a toujours rien»…