Même une légère dette de sommeil augmente le risque d'accident de la route en raison de la somnolence qu'elle provoque, selon une association de sécurité routière américaine.
Au quotidien, les nombreuses conséquences d'un manque sommeil sont connues. Dormir moins de six heures, ne serait-ce qu'une seule nuit, provoque une diminution de la concentration, des capacités de mémorisation, de l'immunité, du sentiment de satiété ou encore une augmentation de l'émotivité. Mais surtout, la fatigue entraîne un manque de vigilance qui peut s'avérer très dangereux au volant.
Un danger une nouvelle fois évoqué par la AAA Foundation for Traffic Safety, la sécurité routière américaine, qui chiffre les risques encourus dans un rapport basé sur l'analyse d'un échantillon représentatif de 7 234 conducteurs impliqués dans 4 571 accidents. Ce dernier affirme que les conducteurs qui ont seulement une dette de sommeil d'une à deux heures sur les sept heures recommandées, doublent leur risque d'accident de la route sur une période de 24 heures, comparé aux conducteurs qui ont respecté cette consigne.
Ce risque est quadruplé chez les conducteurs qui manquent de deux à trois heures de sommeil et multiplié par 11 chez ceux qui ont moins de quatre heures de sommeil. A noter que le risque zéro n'existe pas pour les conducteurs qui ont suffisamment dormi puisque chez ces derniers, il existe tout de même un risque d'accident multiplié par 1,3.
Un comportement à risque... souvent adopté
"Vous ne pouvez pas manquer le sommeil et vous attendre à toujours être en mesure de fonctionner en toute sécurité derrière le volant, a déclaré le Dr David Yang, directeur exécutif de la AAA Foundation for Traffic Safety. Notre nouvelle recherche montre qu'un conducteur qui a dormi pendant moins de cinq heures a un risque d'accident comparable à celui d'un conducteur ivre".
Le rapport pointe également l'attitude paradoxale des personnes interrogées: 97% d'entre elles ont déclaré qu'elles considéraient la conduite somnolente comme un comportement inacceptable et une menace sérieuse. Mais parallèlement, un conducteur interrogé sur trois admet avoir pris le volant au moins une fois au cours du mois passé, alors qu'il était fatigué au point de garder difficilement les yeux ouverts.
"La gestion d'un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée peut être difficile et trop souvent nous sacrifions notre sommeil en conséquence, a ajouté Jake Nelson, directeur du Traffic Safety Advocacy et chercheur pour la AAA Foundation for Traffic Safety. Ne pas maintenir un horaire sain de sommeil pourrait signifier se mettre soi-même et les autres en danger sur la route".
Ne pas attendre les signes annonciateurs
Les symptômes de la conduite somnolente sont notamment la difficulté à garder les yeux ouverts, à dériver de sa route ou à ne pas se rappeler les derniers kilomètres parcourus. Cependant, le rapport montre que que plus de la moitié des conducteurs impliqués dans des accidents de la route liés à la fatigue n'ont connu aucun de ces symptômes avant de s'endormir au volant.
La AAA Foundation exhorte donc les conducteurs à ne pas compter sur leur corps pour leur fournir des signes avant-coureurs de fatigue. Ces derniers doivent avant tout donner la priorité à une bonne nuit de sommeil. Ces recommandations vont naturellement dans le sens de celles de la Sécurité routière en France. Cette dernière indique qu'un accident mortel sur trois sur autoroute est associé à la somnolence.
Quelles sont les pratiques à bannir ?
Plusieurs règles simples permettent de limiter les risques, notamment une pause toutes les deux heures, mais pas seulement. "La somnolence entraîne des périodes de micro-sommeils de une à quatre secondes pouvant être extrêmement dangereuses. La pause alors ne suffit plus, la solution la plus efficace pour restaurer sa vigilance: s'arrêter dans un endroit sécurisé pour se reposer au moins un quart d'heure".
Il est également recommandé d'éviter les heures où le risque de somnolence augmente sensiblement (entre 13h et 16h et entre 2h et 5h) et de respecter les limitations de vitesse car rouler vite fatigue : la vitesse oblige le cerveau à traiter un plus grand nombre d’informations en un minimum de temps, la vision devant alors s’adapter en permanence.
Enfin, il faut être vigilant à la prise de médicament pouvant entraîner un effet de somnolence. En France, plus d’un tiers des médicaments commercialisés sont munis d’un pictogramme mentionnant leur dangerosité potentielle en matière de conduite.
(santemagazine)