*ZERROUK Ahmed
« Carnage », « hécatombe », « l’horreur », « l’enfer », « génocide » sont autant de qualificatifs employés, dont la charge sémantique est insuffisante, pour exprimer l’image insoutenable, qui révulse l’esprit et le corps, des massacres collectifs perpétrés en Algérie durant l’année 1997 et le début de l’année 1998.
Ces corps, sans vie, gisant dans des mares de sang coagulé, complètement disloqués, atrocement mutilés, décapités, démembrés, éventrés, brûlés dans des postures complètement irréelles sont l’œuvre de la cruauté meurtrière et sanguinaire d’autres êtres humains.
Du processus de légitimation des massacres
Abou El Moundhir, de son vrai nom Assouli Mahfoud, officier législateur du GIA justifie ces tueries « les ennemis de l’Islam doivent être égorgés » (…) « du plus jeune au plus âgé des vieillards » ; « nous répondons à ceux qui nous accusent de tuer aveuglement que (…) nous ne faisons rien d’autre qu’appliquer les préceptes de Dieu et du Prophète ».
Le rôle de Abou El Moundhir, est prépondérant dans la justification progressive de la barbarie, sous ses formes les plus primaires.
Dans un article publié dans la revue intitulée El Djamaa en juin 1997, à la veille des massacres de Rais, Sidi-Youcef / Beni-Messous et Bentalha, Abou El Moundhir renseigne sur le procédé machiavélique de légitimation du recours au massacre et à la barbarie.
C’est ainsi qu’il écrit: « Le G.I.A ne tue donc pas aléatoirement et nous disons que nous tuerons ceux qui se sont retournés contre nous, donc nous ne produisons pas de nouveaux jugements, ni n’improvisons des fatwas mais ce sont les jugements de Dieu et de son prophète que nous appliquons ». « Ce que vous entendez dans les villages et les villes concernant les égorgements, sachez que les victimes sont tombées sous les verdicts de la promotion du bien et de la lutte contre le mal, tels que les travestis, ceux qui délaissent la prière et les consommateurs de boissons alcoolisées et les femmes dépravées, ainsi que ceux qui ont voté, voilà donc l’explication des opérations menées par les moudjahidine ».
C’est une justification de la légitimation, au plan religieux, du massacre et de l’assassinat, pour mieux anesthésier la conscience.
Concernant la promotion du bien et la lutte contre le mal ainsi que le refus de payer la dîme (Zakat) aux terroristes, Abou El Moundhir est catégorique : « Il est ordonné aux émirs des régions et aux chefs de compagnies et des détachements de désigner des soldats dignes de confiance et d’autres forts, pour contraindre les gens à verser la Zakat aux Moudjahidine ». « Celui qui la cache ou refuse de la verser est un apostat passible de la peine de mort ».
Dans son délire sanguinaire et avide de sang, il professe « les endroits où l’on consomme les boissons alcoolisées doivent être brûlés, même si leurs propriétaires s’y trouvent avec leurs compagnons ». « La peine de mort est prévue également pour les homosexuels ».
S’agissant du massacre des enfants, des femmes et des personnes âgées, Ibn Thaimia est à chaque fois cité comme référence, quand des pseudo - hadiths attribués au prophète sont épuisés, ou quand ils ne correspondent pas au désir de faire couler le sang des innocents.
« Pour ce qui est des assassinats ciblant les enfants et les femmes et d’autres personnes innocentes, cela relève de la stratégie de la lutte, la surprise des attaques, le guet apens et l’usage des explosifs. Celà, nous pensons que personne ne peut le contredire, comme le mentionne El-Boukhari et autres, au sujet de Saab Ibn Djathama, qui a rapporté que le prophète, interrogé sur les enfants et les femmes tués qui se trouvaient parmi les mécréants lors des attaques menées contre ces derniers, il a répondu qu’ « ils sont considérés comme eux, c’est à dire des mécréants ».
Une autre citation attribuée à Sounouï est appelée à conforter le massacre des enfants et des femmes « il est rapporté par les spécialistes appartenant aux écoles juridiques de Abi Hanifa et Chafiai qu’il est permis de tuer les enfants et les femmes à l’intérieur des constructions ». Abou El Moundhir fait appel également aux jugements royaux de El –Maouardi « il est permis, si l’armée encercle l’ennemi ; de les assiéger à l’aide de lances pierres… il est permis aussi de détruire leurs maisons et de les incendier, même si des enfants et des femmes s’y trouvent ».
Abou El Moundhir cite Ibn Thaimia: « si l’assassinat des enfants et des femmes est interdit par la religion, il devient permis s’il y a nécessité comme dans le cas d’attaque à l’aide de lance pierre ». Cependant l’expression la plus répandue parmi les terroristes, devenue presque une maxime, est la suivante : « Pour ce qui est des gens contraints de rester avec les mécréants, s’ils sont assassinés, ils seront ressuscités par Dieu selon leur intention ». « Ibn Thaimia déclare, d’après les terroristes : « les Moudjahidine ne peuvent pas distinguer entre ceux qui sont contraints et ceux qui ne le sont pas ».
Il est inculqué aux terroristes du G.I.A qu’: « Il n’y a aucun intérêt ni aucune utilité pour ralentir le devoir de promouvoir le bien et la lutte contre le mal, ou de créer des obstacles à l’application des verdicts de l’Islam. Il n’y a d’intérêt que dans l’application des sanctions, l’intimidation, l’expiation et la généralisation des commandements de l’Islam par le meurtre, les coups et l’exil. Seul, Dieu connaît ce qui est bien pour les gens ». « Et quoique nous fassions en usant de notre esprit ou de nos sentiments pour connaître ce qui est bien, ou ce qui ne l’est pas, nous n’y parviendrons jamais, alors il faut juste les appliquer ».
Par ailleurs, Abou El Moundhir, ce monstre déguisé en exégète, justifiait les pratiques des mutilations, de la décapitation, des brûlures et des sévices, exercés sur des personnes de tout âge y compris les bébés et les enfants.
Dans le même document sus cité, il délire de plus en plus : « Le prophète à la poursuite des apostats, une fois capturés il leur a crevé les yeux, coupé les pieds et les mains et les a jetés dans un gouffre». « Sachez que la Sunna sera suivie contre le gré de tous ».
Dans un autre passage il affirme « Le calife Abou Bakr El Seddik avait adressé un message à Khaled Ibn El Oualid pour lui notifier de ne pas hésiter à mutiler Talha et ses compagnons ». « Khaled, agissant pour venger les musulmans a procédé à la mise à mort de ses captures, certaines d’entre elles ont été brûlées, d’autres écrabouillées avec des pierres et d’autres jetées des hauts des montagnes ». «Par la suite, on a procédé à la décapitation d’un être humain et sa tête fut bouillie par trois fois, sur ordre de Khaled Ibn El-Oualid ».
« Ce qu’a fait Ali Ibn Abi Taleb à l’endroit des khaouredj est le meilleur exemple, il les a brûlés par le feu et n’a pas hésité à les mutiler » « Nous sommes donc sur cette tradition salafiste »… « Si nous trouvons d’autres sounna et d’autres traditions plus intenses dans la terreur et plus cruelles, nous n’hésiterons pas à les suivre et à les faire revivre pour que nous puissions bénéficier de la satisfaction de Dieu ».
« Nous sommes déterminés à les combattre et à les mutiler, nous sommes sur la voie de nos ancêtres ». « Nous resterons sur cette tradition, comme l’ont été khaled et Abou Bakr Seddik et les autres compagnons, qui n’ont pas hésité à tuer, à mutiler et à brûler, mais nous ne sommes pas satisfaits car nous n’avons pas encore atteint le nombre de morts qu’ils ont atteint. En une seule bataille celle d’El Yamama, contre Beni Hanifa, ils ont tué près de 10.000 personnes, et on dit même que le nombre était de 21.000 et dans une seule journée ils ont tué 14.000 ». « Ali Ibn Abi Taleb a tué à lui seul et en une seule bataille près de 4.000 parmi les khaouaredj, qu’on n’arrivait pas à identifier car ils n’avaient pas de têtes ». « Ces têtes ont servi d’escaliers à la grande Mosquée de Damas ». « Mais nous sommes aujourd’hui loin d’eux dans la détermination de réaliser le résultat qu’il ont accompli».
S’adressant aux terroristes, Abou El Moundhir après avoir exposé, ces soi-disant faits historiques, leur ordonne de décapiter ceux, qui ont souillé l’Islam, pour se rapprocher de Dieu. Puis, il cite un passage du Coran avant l’exécution des massacres de Rais, Sidi-Youcef/Beni-Messous et Bentalha et qui peut être considéré comme annonciateur des massacres collectifs : « vous aurez de leurs nouvelles sous peu ».
Il enchaîne son discours, pour tenter d’anesthésier les consciences des terroristes d’une manière définitive, « Je dis, que Dieu m’aide, un nombre de compagnons s’est distingué par son opposition aux pratiques des mutilations et des brûlures, tels que Omar Ibn El Khatab et Ibn El Abbes et d’autres ; alors que Ali Ibn Abi Taleb, Khaled Ibn El Oualid, Abou Bakr El Seddik, El Hassen Ibn Ali et Abdallah Ibn Djaafar l’ont approuvé ».
« Ceux qui se sont opposés à ces pratiques ont justifié leur refus par le dire de Abi Houraira, selon lequel la torture par le feu ne peut être pratiquée que par Dieu ». « D’après Affane Ibn Assal, il ne faut pas torturer, ni mutiler, ni surprendre un enfant, Ibn Abbes serait du même avis ». « Ces défenseurs de la guerre propre argumentent par le fait que le prophète l’ait interdit ». « D’autres l’ont permis en cas de l’application de la loi du talion, se fondant sur le verset : «Si vous devez punir, punissez de la même manière dont vous avez été puni. Et aussi par le verset : « Agressez-les, de la même manière dont vous avez été agressés ».
Abou El Mondhir ajoute « Ibn Thaimia révèle que des jurisconsultes ont approuvé, que si on a été tué par noyade, brûlure ou strangulation, on doit être vengé par les mêmes pratiques , si le fait n’a pas été interdit en tant que tel, comme l’est la vente de l’alcool et l’homosexualité »
Se référant à un verset coranique, il déclare « La sanction de ceux qui combattent Dieu et son prophète et œuvrent à propager le mal sur terre est la mort, la sanction est de leur couper les mains et les pieds et de les exiler de la terre ». « Sachez que le massacre et les mutilations concernent les apostats et les mécréants d’origine et les imposteurs ».
Il poursuit : « El Boukhari a rapporté que le prophète a crevé les yeux de certains mécréants avec du fer, El Choukari rapporte également que Abou Bakr et Khaled ont brûlé des gens, car ils étaient des apostats ». « Toutes les pratiques, comme dit Ibn Khatir, sont dissuasives pour les apostats ». « Donc, il ne reste aucun doute sur nos pratiques, on brûle, on mutile, on coupe certaines parties du corps des mécréants et des autres. Celui qui doute leur ressemble ou bien, c’est un malade ou un imposteur ».
Pour conclure, le terroriste législateur annonce avec une arrogance manifeste : « les soldats du groupe islamique, le seul emblème légal et clairvoyant du djihad sur cette terre, avec la permission de Dieu tout puissant, demeurent sur la voie de la lutte contre les apostats, les mécréants d’origine et les imposteurs en les torturant, les mutilant, les exécutant et en les décapitant, afin de se rapprocher du Dieu de la terre et des cieux ».
Ainsi a été défini le processus de légitimation de l’acte terroriste et du recours au massacre. Il s’agit d’un vocabulaire tendancieux, teinté de religiosité et de référence à des actes attribués aux compagnons du prophète, afin de tromper bien évidement la conscience en y introduisant un effet anesthésiant.
Du massacre de Rais
Le village de Rais situé dans la plaine de la Mitidja, a vécu, durant la nuit du 28 au 29 Août 1997, l’horreur et la barbarie. Les terroristes du Groupe Islamique Armé (GIA) se sont abattus tels des animaux prédateurs sur la population du quartier Rais1 appelé communément l’ancien Rais. Ils ont fait dans une sauvagerie inouïe démontrant un dédain total pour la vie humaine.
Le village de Raïs était constitué de maisons éparses, qui avec l’exode rural et la solidarité familiale ou tribale a vu la venue d’autres migrants qui eurent à construire d’autres maisonnettes implantées en fonction des liens de solidarité suscités.
C’est ainsi que quatre quartiers ont vu le jour : Rais-1, Rais-2, et les quartiers des Staifias et de Benamrane. La majorité des constructions est de type individuel. Le quartier de Rais-1, communément appelé « l’ancien Rais », est constitué de maisons traditionnelles. Les nouvelles constructions ont été érigées dans les quartiers de Benamrane, des Staifias et de Rais-2.
Du modus-opérandi
C’est le terroriste Mekhalfia Mohamed dit «H’mida l’actif », « émir » de la Zone-10 qui englobe la capitale Alger et sa périphérie, qui a commandité et exécuté ce massacre après avoir reçu l’aval de « l’émir national » du Groupe Islamique Armée (G.I.A) Antar Zouabri dit « Abou Talha ».
H’mida l’actif a jeté son dévolu sur la localité de Rais du fait qu’elle était facile d’accès, située en bordure de vergers constituant la limite d’une zone, que les terroristes contrôlaient parfaitement, et qui comprenait Haouch Bounouar-Louz et Ouled-Allel, localités constituant respectivement leur zone de repli et leur lieu de refuge. Toute cette zone agricole, située à neuf kilomètres du piémont des monts de l’Atlas Blidéen, était piégée et contrôlée par les terroristes.
« L’émir » de la Zone-10 a chargé les terroristes Djegdjid Djamel de Cherarba et un certain Samir, originaire de Rais, pour recueillir le maximum d’informations devant permettre d’assurer le succès de l’opération.
Ayant réuni les informations nécessaires pour le déroulement du massacre projeté, H’mida l’actif devait prendre attache avec l’émir national du GIA Antar Zouabri pour l’informer de l’opération projetée et connaître sa décision.
Antar Zouabri a approuvé l’idée de H’mida l’actif, et il a ordonné également à d’autres émirs de renforcer katibate « El-Ghouraba», il lui a aussi remis trente (30) tenues de combat de l’armée récupérées sur les cadavres des militaires assassinés, lors d’embuscades tendues par les terroristes.
C’est ainsi que les terroristes appartenant aux Katibates suivantes : El-Hak de Bougara, dirigée par le terroriste Serghini Mohamed, El-Forkane de Larbââ, El-Maout de Ouled Allel et Errahmane de Boufarik ont participé à ce massacre. Pour sa part, Antar Zouabri a délégué des éléments de sa propre garde prétorienne dite « Katiba El Khadra » (la phalange verte) à charge pour eux de lui ramener le maximum de butin et le plus possible de Sabaya (captives).
Trois (03) jours avant le massacre, soit le 25 août 1997, l’ensemble des « émirs » des Katibates concernées accompagnés de leurs hommes, soit deux-cent cinquante terroristes environ, ont tenu une ultime réunion de coordination et de répartition des tâches. C’est le terroriste Beziou Hocine dit « Mosâab », « émir » de la Zone-2-bis, qui a animé cette « Halaka» qui a eu lieu à Haouch Bounouar- Louz et au cours de laquelle, il a tenu un prêche incendiaire.
Il a enjoint aux terroristes des différentes Katibates d’accomplir leur devoir envers Dieu avec la plus grande rigueur ; considérant que les citoyens du village de Rais méritent le sort qui les attend à partir du moment où ils étaient devenus des « Mortadines », du fait de vivre et d’accepter l’autorité de l’Etat, représentant le grand « Taghout». Il leur a rappelé qu’en Islam « la guerre est ruse » et que la localité de Rais, de par sa configuration géographique et de la zone qui était sous leur contrôle, constitue un lieu idéal pour leur action.
A l’issue de cette « Halaka » il a été procédé à la répartition des tâches avec précision entre les terroristes qui eurent à se diviser en plusieurs groupes. Le rôle dévolu au groupe de Katiba El-Khadra, chargée de la protection de « l’émir national » du GIA et de régler les conflits internes entre les différentes composantes terroristes, était d’encadrer l’opération et de s’assurer de sa bonne exécution. Cela démontre l’importance accordée à cette opération par « l’émir national » Antar Zouabri en déléguant, à cette fin, une partie de sa garde prétorienne.
C’est ainsi que cinq groupes ont été constitués sous le commandement opérationnel de l’émir de la zone-10, H’mida l’actif.
Le premier groupe constitué de cinquante-cinq (55) terroristes a été réparti en trois sous groupes. Le premier devait assurer à partir de la mosquée de Rais, le guet de l’arrivée des membres des forces de sécurité. Le deuxième, le plus important en effectif, positionné en face du détachement militaire de Rais, avait pour mission de mettre en échec toute intervention. Quant au troisième, il était chargé de porter aide et assistance au deuxième en cas de nécessité.
Le deuxième groupe composé de quinze (15) terroristes était chargé de placer des engins explosifs dans les ruelles de Rais. Le troisième groupe, formé de soixante (60) terroristes avait pour mission d’assurer le bouclage du quartier pour empêcher toute fuite ou intervention extérieure. Le quatrième groupe composé de quatre-vingt terroristes (80) avait pour tâche l’exécution du massacre.
Le cinquième groupe, constitué de trente (30) terroristes, rasés de près, revêtus de tenues de combat de l’armée et porteurs de Kalachnikov, était chargé de faire une diversion en faisant croire à la population, qu’ils étaient des militaires venus pour les secourir.
Chacun des groupes était détenteur d’un poste radio. Certains des terroristes originaires de la région ou habitant à Rais, faisant partie de ces groupes, ont été choisis pour se rendre au cours de l’après midi du 28 août 1997 sur les lieux et y rester. Leur mission était de faire annuler le massacre en dépêchant un émissaire à Haouch Bounouar -Louz, dans le cas où les données sécuritaires venaient à être modifiées. Dans le cas contraire, il leur appartenait d’agir à compter de 23h30’.
Etant sur place, à proximité du lieu du massacre depuis trois jours, cachés dans les vergers de Haouch Bounouar-Louz, distant de quatre kilomètres du lieu du massacre, les terroristes porteurs de Kalachnikov, de Seminov, de fusils de chasse, de fusils à pompe, de vieilles mat-49, de pistolets automatiques, de bombes artisanales, de Cocktails Molotov, de bidons d’essence et d’objets contondants ( couteaux, sabres, haches, machettes), ont pris le départ à pied, le 28 août 1997, dès la tombée de la nuit. Ils se sont scindés en plusieurs groupes pour emprunter des pistes à travers les vergers, passant par Haouch Guellabour, Oued Ghoura, Haouch Amrane pour se regrouper pour une ultime fois au lieu dit « Douar », du côté ouest de Rais, avant l’incursion du village de Rais, prévue à 23h30’.
Cette attaque a ciblé le quartier appelé « l’Ancien Rais. Ce quartier est situé dans l’axe de l’itinéraire suivi par les terroristes, tant à l’aller qu’au retour, et conduisait directement à leur lieu de repli Haouch Bounouar Louz.
Conformément au plan d’attaque initial, les terroristes qui étaient déjà à Rais, se sont mêlés aux invités de Ferrah Allal dit « Benmira » qui célébrait, ce jour, la fête de la circoncision de son fils.
A l’heure convenue, les premiers massacres ont commencé en tuant les membres de cette famille et leurs invités. Quant aux autres groupes, ils ont commencé dès leur arrivée à Rais à saccager le réseau d’alimentation électrique pour mettre hors service ce qui servait d’éclairage public. Cet éclairage public de fortune se résumait à quelques lampes placées par les habitants devant leurs portes d’entrée.
Le massacre a débuté à 23h30’ pour prendre fin vers 03h00’ du matin. Les habitants de Rais ont été arrachés de leur sommeil par le bruit des explosions, des cris et des hurlements des victimes assassinées à coups de haches, de couteaux, de sabres et d’armes à feu. La meute était lancée. Les terroristes, dans une frénésie macabre, défonçaient les portes d’entrée des habitations pour exterminer toutes les personnes qui s’y trouvaient : nourrissons, enfants, femmes, hommes et personnes âgées. Avant d’incendier les habitations et les véhicules, ils prenaient le soin de prendre ce qui avait de l’importance pour eux, nourriture, vêtements, argent et métaux précieux.
Les instruments utilisés étaient le plus souvent les couteaux, les sabres et les haches. Ils se disputaient l’égorgement des nourrissons ; acte censé les rapprocher de Dieu car selon eux, c’est un acte de foi et de piété que de tuer un être innocent, qui sera souillé par une société dirigée par le « Taghout ». En lui donnant la mort, les terroristes considèrent qu’ils lui préservent une place au paradis. Ils ont, de ce fait accompli un acte plein de miséricorde pour lequel Dieu les récompensera. La plupart de ceux qui ont tenté de fuir le massacre ont été rattrapés et assassinés sur place par les terroristes chargés de la surveillance.
H’mida l’actif avait désigné certains terroristes pour récupérer les objets de valeur, les denrées alimentaires et de sélectionner parmi les femmes, essentiellement les plus jeunes filles d’entre elles, devant être emmenées avec eux comme sabaya (captives). Le butin était regroupé, au fur et à mesure, auprès d’un groupe de terroristes chargé de la surveillance posté dans les vergers.
Certaines familles ont été, par contre, épargnées sur indication de Samir, originaire de Rais. H’mida l’actif avait insisté auprès de ses hommes de ne pas s’en prendre aux membres des familles apparentées à des terroristes. Pour cela, il a fait poster devant chaque habitation désignée par Samir, un terroriste pour éviter toute confusion.
Après avoir accompli leur ignoble forfait, les terroristes se sont repliés à Haouch Bounouar- Louz où ils se sont partagés le butin pour, ensuite, se scinder en deux groupes, l’un a rejoint la localité de Ouled Allel, commune de Sidi-Moussa, sous la direction de H’mida l’Actif et l’autre la forêt de Sidi-Ali, commune de Larbâa, sous le commandement de Beziou Hocine dit « Mosâab ».
Les jeunes femmes enlevées, au nombre de vingt-deux, ont été partagées entre les deux émirs, H’mida l’Actif a pris cinq d’entre elles ; les autres ont été laissées à Beziou Hocine. Ce dernier accompagné de ses hommes et des terroristes de Katiba El-Khadra ont rejoint la forêt de Sidi-Ali, commune de Larbâa.
Quant au groupe faisant partie de Katiba El-Khadra, après avoir passé la nuit à Ouled Allel, il a rejoint le lendemain son camp à Chréa. Ce groupe a pris avec lui cinq jeunes filles enlevées pour les remettre à Antar Zouabri.
Les cinq jeunes filles sont restées pendant deux mois à Chréa où elles étaient affectées à des travaux domestiques (couper le bois, ramener de l’eau, faire la lessive etc…). Le soir, les terroristes abusaient d’elles, à tour de rôle.
A l’issue de cette période, elles ont été assassinées (éventrées). C’est le sort qui a été réservé, aussi, aux autres jeunes filles emmenées par H’mida l’Actif et Beziou Hocine.
Du bilan du massacre
Le massacre perpétré durant la nuit du 28 au 29 août 1997 à Rais a fait deux- cent quarante sept (247) morts : vingt (20) nourrissons, quatre vingt (84) enfants, cent cinq (105) adultes, trente-huit (38) personnes âgées. A ce bilan, s’ajoute cent- vingt quatre (124) blessés et vingt-cinq (25) jeunes femmes enlevées ; dont trois (3) d’entre elles ont été relâchées, parentes de terroristes.
C’est la première fois dans l’histoire du terrorisme en Algérie, qu’un massacre d’une telle ampleur est commis.
Cette façon d’agir des terroristes représentait, pour eux, un prototype du grand projet « de purification de la terre sainte » qui n’aurait pas manqué de se réaliser sur la société toute entière.
Pour ce qui est des dégâts matériels, il a été recensé le saccage et l’incendie de la plus grande partie des habitations du quartier ciblé.
De l’impact médiatique
Le lendemain du massacre, soit le 29 août 1997, en plus des journalistes envoyés en reportage par l’ensemble des médias de la presse publique et privée, il y a eu dix-neuf (19) journalistes, algériens et étrangers, représentants permanents de quinze médias (agences de presse, journaux et télévisions) qui se sont rendus sur les lieux du drame.
Quant aux reportages télévisés, la télévision algérienne (ENTV) a diffusé le 29 août 1997 un reportage d’une durée de vingt-trois (23) minutes sur ce massacre. Des séquences de ce reportage ont été reprises le même jour par plusieurs chaînes de télévision étrangères dans leurs journaux télévisés. On relèvera que le sujet du massacre de Rais a été abordé par certaines de ces télévisions aussi bien par des reportages que lors d’émissions traitant de la violence et du terrorisme sévissant en Algérie.
Les médias concernés représentaient différents pays : les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, L’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France et le Maroc. Les journalistes ont pu s’enquérir sur place sur le déroulement du massacre et ont pu constater les atrocités barbares et monstrueuses, dont la population civile a été victime.
Ces médias avaient une vision étriquée du drame, qui se déroulait en Algérie où des terroristes veulent, par le recours aux atrocités les plus monstrueuses et à l’horreur, annihiler la volonté de tout un peuple pour le rendre esclave et soumis à leurs volontés et diktats.
Des réactions nationales
Les réactions immédiates et spontanées des différentes instances officielles, étaient l’indignation, la condamnation et l’appel à la solidarité contre le phénomène du terrorisme aveugle. Il a été enregistré les déplacements sur les lieux du drame des ministres en charge de l’Intérieur, de la Santé et de la Solidarité, du Gouverneur du Grand Alger, d‘Officiers Supérieurs de l’Armée Nationale Populaire et de responsables de la sûreté de la wilaya d’Alger.
Dans un communiqué du 29 Août 1997, le gouvernement, qui a avancé le chiffre non définitif de quatre vingt dix huit (98) citoyens assassinés, a déclaré qu’il : « s’incline devant la mémoire des victimes martyrs et exprime sa plus ferme condamnation de ce crime barbare, qui a ciblé des citoyens innocents sans distinction d’âge. Cet acte sauvage, comme tous ceux qui l’ont précédé, est une revanche haineuse contre le peuple algérien qui résiste héroïquement à la tentative de destruction de sa patrie. Face à cette recrudescence des attaques contre la population, des mesures viennent d’être décidées pour renforcer davantage la protection des sites habités dans des endroits isolés ».
L’ensemble de la société algérienne, notamment la classe politique, a été horrifié par le carnage de Rais. Les réactions d’horreur et d’indignation fusaient de partout. Du simple citoyen aux autorités politiques, un même sentiment de révolte et d’amertume était présent. On ne comprenait pas un tel carnage, une telle tuerie. L’Algérie était en deuil.
Par contre, certaines parties connues pour leur appartenance idéologique internationaliste, socialiste ou intégriste, et leurs ambitions de réussir là où le FIS dissous a échoué, chacun ayant sa propre vision des choses, n’ont pas hésité à répandre des insinuations accusant les autorités.
La réaction des partis politiques a été conforme aux thèses défendues par les uns et les autres. Le RND dans un communiqué a « dénoncé avec la plus grande fermeté ces actes criminels » qui représentent « une vengeance contre le peuple ». Le porte-parole de ce parti a qualifié les terroristes de «bêtes sauvages ».
Le FLN, pour sa part, a condamné « avec vigueur ces actes barbares commis contre des civils innocents, enfants, femmes et vieillards dans les villages et les villes ».
Quand au MSP, il a exprimé « sa condamnation de ces boucheries qui coïncident avec le centenaire de la fondation du mouvement sioniste » et s’interroge « quel chiffre de victimes et de morts doit-on atteindre pour que le gouvernement change d’attitude vis-à-vis du terrorisme résiduel ». Ce parti a demandé à toute la classe politique et la société civile « d’ériger un bouclier national face à cette extermination collective dont est victime une région bien déterminée du pays.
Afin de stopper la vague des assassinats, l’ANR a estimé qu’il faudrait au préalable situer et clarifier les responsabilités de chacun aux différents niveau de l’Etat, prendre des décisions exceptionnelles et des mesures rigoureuses pour un combat plus cohérent et déterminé, moins laxiste et plus efficace contre les hordes barbares ».
Pour sa part, le MDS a vivement critiqué le pouvoir dans son ensemble en l’accusant de compromission avec l’intégrisme du fait de ses tractations secrètes avec l’AIS. De leurs cotés, le FFS et le RCD ont demandé la démission du gouvernement qui n’arrivait plus à concrétiser ses promesses en assurant la protection de la population.
L’Organisation Nationale des Moudjahidine relève qu’à chaque fois que le pays fait un pas sur la voie du redressement pour réaliser les aspirations du peuple Algérien, intervient une recrudescence des assassinats, du sabotage et de la criminalité.
Par la voix de son Secrétaire Général, la Coordination Nationale des Enfants de Chouhada, a demandé au Gouvernement de « réduire son activité pour s’occuper de plus en plus de la situation sécuritaire qui continue de s’aggraver ».
Le premier responsable de la CNEC a appelé à une « journée de deuil national » tout en faisant état de concertation avec les organisations de masse et les partis politiques pour fixer le jour. Il estime en outre que les assassinats ciblent particulièrement « des citoyens innocents, surtout les pauvres et les enfants ».
Des réactions internationales
L’ensemble de la communauté internationale a réagi immédiatement, par la voix de différents portes parole et représentants diplomatiques, par l’indignation et a exprimé sa consternation devant les atrocités commises à l’endroit du peuple algérien en manifestant sa solidarité avec lui. Ceux qui se sont prononcés publiquement ont déclaré être disponibles pour apporter toute l’aide nécessaire quelque soit sa nature. D’autres ont estimé qu’il ne pourrait s’agir désormais d’une affaire interne, passant sous silence l’attribution de la responsabilité du massacre aux terroristes. Le sous-entendu, qui s’y dégage, a été sciemment tu par finesse diplomatique.
Certains diplomates, dont les pays sont touchés de plein fouet par le phénomène, tels l’Egypte et la Russie, ont, par contre, courageusement dénoncé le terrorisme en l’identifiant et en appelant à le combattre, comme on peut le constater du résumé des principales déclarations ci-après.
Le 30 août 1997, le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, a lancé “un appel à la tolérance et au dialogue en Algérie” à la suite du massacre de Raïs. Il a déclaré au cours d’une conférence de presse à Venise que la montée de la violence en Algérie est “préoccupante” et ne peut plus être considérée comme une affaire interne ». Il a ajouté « qu’on ne peut plus abandonner le peuple Algérien à son sort, les mots ne suffisent plus et c’est un problème, dont on ne peut pas se contenter de discuter à la télévision ».
Cet « appel à la tolérance et au dialogue », ainsi que les propos du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies tenus lors d’une conférence de presse à la Mostra de Venise/Italie, selon lesquels « la montée de la violence en Algérie ne peut plus être considéré comme une simple affaire interne » ont été très mal accueillis par les autorités algériennes. Le porte parole du ministère des affaires étrangères a relevé avec « étonnement et désapprobation » que le communiqué du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies « ne contenait aucune condamnation de cet acte terroriste barbare (massacre de Rais) alors même que les Nations Unies sont saisies du dossier du terrorisme international. Il a ajouté que les propos du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies « sont inacceptables car outrepassant les compétences du premier responsable d’une organisation mondiale fondée sur le respect de la souveraineté des Etats et de la non ingérence dans leurs affaires intérieures ».
Quand au Vatican, il a dénoncé l’indifférence de la communauté internationale, jugée comme intolérable à l’égard de cette tragédie et s’est inquiété du déchaînement de la violence dont le peuple en est la victime.
Jacques Chirac, le président français a exprimé «son indignation à l’égard de ces actes de barbarie et sa sympathie pour le peuple Algérien». Aussi, le Gouvernement Français par la voix de Jacques Rummelhardt, porte parole du ministère des affaires étrangères, a dénoncé les «crimes odieux» perpétrés par les bandes terroristes, affirmant à cet égard que ces « actes barbares inqualifiables n’inspirent qu’horreur et compassion pour les victimes ». Il a ajouté : « Nous condamnons la violence qui frappe la population Algérienne à laquelle nous exprimons notre solidarité ».
De plus, Le ministre français des affaires étrangères, Hubert Védrine, a déclaré lors d’une conférence de presse : « Nous accueillons avec tristesse toutes les informations tragiques sur les lâches assassinats et massacres commis en Algérie. Nous les condamnons énergiquement et officiellement ».
Evgueni Primakov, ministre russe des affaires étrangères, a tenu à souligner de son côté « la solidarité de son pays avec l’Algérie contre le terrorisme religieux ». Le ministre russe a condamné «le terrorisme sous toutes ses formes et plus particulièrement le fondamentalisme et l’extrémisme religieux ».
Quant au ministre allemand des affaires étrangères, Klaus Kinkel, il a déclaré que « l’Allemagne condamnait le terrorisme de la manière la plus ferme ». Avec les législatives de juin 1997, l’Algérie a « franchi une importante étape sur la voie de la réconciliation nationale. Cette voie doit se poursuivre malgré les manœuvres des fanatiques terroristes ».
Pour sa part, Jean Audibert, ancien Ambassadeur de France, à Alger, de 1988 à 1992, a estimé que la politique des autorités et de l’opinion Française à l’égard de l’Algérie doit s’inspirer de trois principes qui sont : «L’humanité », « La fraternité » et « La solidarité ».
Le Gouvernement Américain a condamné sans équivoque la barbarie terroriste sauvage qui s’abat sans distinction sur les citoyens en Algérie, dont des femmes, des enfants et des bébés. Les Etats Unis se déclarent outrés par la recrudescence de la violence et des attentats sauvages dans les localités telle que Raïs et expriment leur opposition ferme au terrorisme en Algérie et désavouent ceux qui veulent s’imposer par le sabre en Algérie.
Le Docteur Saïd Tantaoui, recteur de l’université d’El-Azhar, a appelé au châtiment des crimes terroristes en Algérie, affirmant que toutes les religions monothéistes sont affranchies de ces crimes.
Dans un communiqué rendu public le 31 août 1997, le Cheikh d’El-Azhar a déclaré : « ceux qui commettent ces actes barbares n’ont aucun lien avec les religions monothéistes et sont rejetés par l’esprit humain qui exige qu’ils soient punis car ils font la guerre à Dieu et à ses Prophètes et sont hostiles aux lois positives et à la dignité humaine ».
Frédérico Mayor, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), a appelé la communauté internationale à condamner à l’unanimité le terrorisme barbare en Algérie afin de faire échec à ses « actions criminelles ».
Frédérico Mayor, s’est dit « horrifié » par la « barbarie inqualifiable et injustifiable de ce terrorisme qui relève de la folie ». « Aucun sentiment religieux, aucune idéologie, aucun point de vue ne peuvent se défendre par la violence et surtout par une violence aussi extrême » a-t-il dit dans une déclaration rendue publique.
De plus, le Directeur Général de l’UNESCO a lancé un appel à tous les pays et au mouvement associatif international dans toute sa diversité pour une « condamnation unanime contre les tenants du terrorisme en Algérie et partout dans le monde ».
Le chef de la diplomatie égyptienne Amr Moussa, a déclaré que le Gouvernement Algérien « parviendra avec l’aide de Dieu et du peuple à vaincre le terrorisme et mettre définitivement fin à ces actes criminels ». Il a réitéré le soutien du Gouvernement Egyptien à son homologue algérien à l’égard des crimes perpétrés contre le peuple Algérien.
Le journal Tunisien, Essabah, proche du pouvoir tunisien a affirmé que le peuple algérien vivra grâce à sa détermination et son unité face au terrorisme.
Du mot de la fin
De l’horreur et des actes de cruauté vécus cette nuit du 28 au 29 aout 1997, et aussi durant toute une décennie, est née de nouveau une Algérie forte et unie, une « Algérie terre de liberté, de fierté et de dignité » ; ne voulant « plus jamais revivre ça ».
Le peuple a démontré d’une manière claire et limpide, qui ne souffre d’aucune ambigüité, son attachement inébranlable à l’unité et à l’intégrité territoriale du pays d’une part et d’autre part, son sens élevé de la réconciliation et de la tolérance pour un vivre en commun dans le respect des uns et des autres.
L’élan spontané de générosité, de fraternité, de solidarité et de compassion agissante dont a fait preuve le peuple algérien en soutien aux populations des différentes wilayas touchées par les incendies ces dernières semaines, en est la preuve éclatante et remarquable de ce lien indéfectible qui unit les fils et les filles de l’Algérie, cette terre forte de ses composantes fondamentales, l’Islam, l’arabité et l’amazighité.
La paix, l’égalité, la tolérance, la dignité, la générosité et l’altruisme sont autant de valeurs qui transcendent les algériens et les algériennes et qui constituent le ciment qui nous lie les uns aux autres, en tant que nation et peuple. Œuvrons ensemble pour faire prospérer notre pays, assurer son essor socio-économique, et aussi protéger « notre Algérie » de tous ceux qui lui veulent du mal.
*ZERROUK Ahmed, ex-magistrat militaire