Le projet de loi électorale devrait arriver au terme du débatjeudi prochain, date à laquelle la présidence de la République doit ramasserles copies des partis politiques, qui ont pris la peine de faire des propositionsd’amendements.
Ce texte qui fait partie des grands projets du président Tebboune pour asseoir « l’Algérienouvelle », au travers de l’émergence d’un nouveau paysage électoral n’apas du tout suscité l’intérêt des algériens lambda qui, il est vrai, n’ont ni le cœur,ni la tête à la politique, au moment ils font fasse à une crise sanitaire, avecses effets dévastateurs aux plans économique, social, sociétal etpsychologique.
C’est simple : les partis de l’opposition (démocrates etdans une moindre mesure islamistes) ont fait le choix politique d’ignorertotalement le projet, jugeant que, tout comme la nouvelle constitution, qui s’estsoldée par un échec dans les urnes « n’est pas la réponse idoine à lacrise politique et institutionnelle de l’Algérie ».
Cet argument est le cheval de bataille des partisans d’une démarche transitionnellepour la mise en place des institutions dupays, avant le retour à la légitimité constitutionnelle.
Le parti de Djaballah, pour sa part, trouve beaucoup à rediresur le projet du gouvernement, entre autres critiques formulées en l’occurrence« l’absence d’une volonté de provoquer la rupture », considérant que « lesamendements du projet ne sont qu’une opération cosmétique pour rajeunir le visagedu même système ».
A l’inverse de ces partis d’opposition pour qui « circulezy a rien à voir » il y a tout un spectre de formations qui souscrivent à la démarche des autorités en acceptant de prendre part au jeu des amendements.
A travers les premièrescritiques faites à la copie du professeur Laraba par ces partis,on relève par exemple celle qui pointe lefoisonnement des dispositions liées auphénomène de la fraude, comme si le texte dans son entièreté devait justeapporter des réponses à ce phénomène conjoncturel qui, il est vrai, a une dimension pathologique en Algérie avec l’entrée en force de l’argent saledans la compétition électorale.
L’autre critique porte sur la disposition relative au financementde la campagne électorale des jeunes, qui voudraient se lancer dans a prochainebataille des législatives et locales. La proposition, qui est un engament duprésident Tebboune est certes généreuse, mais les experts en droit estiment àjuste titre qu’elle est en contradiction avec la loi qui consacrel’égalité des citoyens.
Outre son caractère discriminatoire, les partis politiques redoutentque cette loi encourage le foisonnement de listes indépendantes de candidats qui fuiraient les partispolitiques, alors qu’ils sont, dans les démocraties, les instruments de l’exercicepolitique.
Pareil pour la disposition concernant l’obligation de paritéentre femmes et hommes sur les futures listes électorales, à l’exception des circonscriptionsinférieures à 20.000 habitants. Certes, la proposition relève d’un bon sentimentpour élargir la représentation féminine dans les assemblées élues.
Encore que cette généreuse proposition tranche un peu avec lapesanteur sociologique du conservatisme atavique d’une Algérie où le rapportfemme/politique n’est pas inscrit dans le marbre.
Une autre question posée par certains partis, concerne lefameux seuil des 4% des suffrages, lorsde la dernière consultation législative. Certains veulent la remise à zéro descompteurs pour les prochaines législatives, c'est-à-dire la suppression pure etsimple de cette exigence qui, il est vrai favorise, les grands partis politiques.
l’Autorité électorale n’échappe pas aux réserves de certains partis, comme le MSP qui proposeun rééquilibrage de sa composante ainsi qu’une élection de son président, rappelant que Mohamed Charfi était « choisi par leprésident par intérim ».
En revanche, la proposition d’un mode de scrutin proportionnelleavec liste ouverte est saluée, comme un moyen d’en finir avec l’achat despositions sur les listes des candidats, dès lors que le citoyen électeur a lechoix entre plusieurs listes mais en plus il a la lattitude de procéder à son propreclassement des candidats.
La question est désormais de savoir si les propositions d’amendementfaites par les partis, qui ont choisi de jouer le jeu du pouvoir, trouverontleur prolongement dans la copie finale, ce qui les motivera à participer auxprochaines législatives ; où s’il s’agit d’une simple coquetterie démocratiquepour un texte « scellé et non négociable ».