Algérie 1

Icon Collap
...

Les objectifs stratégiques du nouveau gouvernement algérien : nécessaires profondes réformes structurelles et la bonne gouvernance

02-07-2021 12:23  Pr Abderrahmane Mebtoul

En cette période de vives tensions budgétaires, sociales et géostratégiques, l’Algérie n’a pas besoin de courtisans  animés seulement par la distribution d’une fonction de rente, mais d’une équipe gouvernementale soudée autour d’objectifs stratégiques précis, car ce monde turbulent et instable, marqué par les innovations technologiques, est à l’aube d’un nouveau pouvoir économique mondial, qui bouleverse toute la planète. Le constat  est  amer en ce mois de juin 2021, malgré les discours triomphants de tous les gouvernements de 1970 à nos jours: l’Algérie depuis l’indépendance politique est une économie fondamentalement rentière, le système financier, enjeu énorme de pouvoir,  étant étroitement connecté à la production de la rente. Toute augmentation ou baisse du cours des hydrocarbures avec les dérivés (98/97% des recettes en devises) ont  eu des incidences à la fois économiques et politiques comme en témoigne les impacts politiques de la crise de la baisse du cours  entre 1986/1990. La gestion volontariste depuis l’indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et, enfin  les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation à ce phénomène total et inexorable qu’est la mondialisation.  La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive –  parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti  à une transition  qui se traîne en longueur depuis des décennies et non  pas seulement  pour la période actuelle.

1.-Une défiance à l’égard du système partisan  et une  situation socio-économique préoccupante

Sans sécurité, existant un lien dialectique sécurité développement,   et un retour à la con fiance Etat –citoyens, il ne faut pas s’attendre à des miracles.  Bien qu’il y a lieu de ne pas  comparer ces résultats avec  les  anciennes élections du fait qui ne sont pas significatifs   ayant reposé sur des quotas et le bourrage des urnes, la leçon à tirer est  qu’il reste un long chemin à parcourir pour  redonner confiance  afin de  rapprocher  l’Etat du citoyens , tout en rappelant que les pays développés ont mis des siècles à asseoir  la démocratie  et qu’avec la nouvelle révolution des télécommunications qui influent sur les comportements  il y a de plus en plus méfiance des citoyens vis-à-vis du politique. Lors d’élections législatives anticipées. les résultats officiels du scrutin, publié officiellement au journal officiel, ont  été marqué par un fort taux d’abstention, le  taux de participation  ayant  été  de 23,03% sur un nombre d’électeurs inscrits de  24.453.992 et celui des votants de 5.622.401, avec 1.011.749 de bulletins nuls, restant pour les députés élus 4.610.652 voix, soit 18,85%. Si l’on prend  la structure démographique qui constitue d’ailleurs une véritable bombe,  la population totale est passé e de 11.479.247  en 162, à 18.936.298 en 1980, à 253.435.21 en 19901, à 30.833.966 en 2000  et au 01 janvier 2021 44.680.256 dont 22.549.485 sexe masculin et 22.130.771 sexe féminin avec une prévision horizon 2030 de 51,3 millions d’habitants. Pour 2019, nous avons la structure d’âge suivante en pourcentage : 29,49% 0-14ans, 14,72% 15-24 ans, 42,97% 25-64 ans, 7,01% 55-64 ans  et 5,81% 65 ans  et plus. Si l’on prend  seulement 50% de la tranche des 15-24 ans, les  personnes en âge de voter représenteraient 62,80% et si  l’on applique de taux à la population en âge de voter pour 2021, nous aurons environ 27,50 millions sur un total de votants de 24,12 millions, donc presque trois  millions ne se sont pas inscrit sur les listes électorales. LE nombre de voix des votants pour les députés rapporté  aux personnes en âges  potentiels de voter  serait alors de 16,70%. En référence au nombre de députés et de voix nous avons :-FLN  98 sièges, avec 287.828 voix  soit par rapport aux inscrits 1,17%  et 1% par rapport au nombre de votants potentiels ;  le MSP 65 sièges, avec  208471 voix soit par rapport aux inscrits 0,8%et 0,7% par rapport au nombre de votants potentiels ;  le  RND  58 sièges, avec  198.758 soit par rapport aux inscrits 0,8% et 0,7% par rapport au nombre de votants potentiels ; le Front El Moustakbel 48 sièges avec 153.987 soit par rapport aux inscrits 0,63% 0,7% et par rapport au nombre de votants potentiels 0,55%. et le Mouvement El Bina 39 sièges, 106.203 soit par rapport aux inscrits 0,43% 0,38% par rapport au nombre de votants potentiels. Pour l’ensemble des partis  nous avons  955.247  voix soit  environ 4% par rapport aux inscrits  et 2,66% par rapport au nombre de votants potentiels. Ainsi, tous les partis cités le nombre de députés  a été de 308 sièges soit par rapport au total 75,67%. Tous les  indépendants dont une grande partie provient d’autres partis dont le FLN, le RND et certains Partis dits « islamiques »  le nombre de sièges représentent 24,33% pour un nombre  de votants 4.610.652 moins 955.247 3.655.405 voix, malgré que les indépendants aient eu 84 sièges soit 20,63%  de montrant qu4’il ya urgence de revoir le code électoral en inscrivant une dose de promotionnelle pour avoir une représentativité  réelle. . Avec les indépendants  nous avons  au total 392 sièges sur  96,31%  et les  femmes ayant  obtenu seulement 33 sièges (8,1 %). 

Sur le plan économique, l’Algérie dépendra encore longtemps, du fait qu’avec ce mythe de la rente des hydrocarbures, elle  n’a pas entamé réellement les réformes structurelles. L’annonce sana analyser la structure  des exportations d’hydrocarbures traditionnels dont le volume est en déclin, qui montre que  les données de 2020 de 2,2 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures , 70% sont de semi produits et de dérivées d’hydrocarbures étant  utopique, surtout avec la  paralysie de l’appareil de production et de la majorité de segments non concurrentiels, ,  d’annoncer, une exportation de 4/5 milliards de dollars hors hydrocarbures pour  l’année 2021. La loi de finances est établie sur la base d’un baril  de 40 dollars , en n’oubliant pas que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel, mais ce n’est qu’un artifice comptable puisqu’entre  le budget de fonctionnements et d’équipement selon le FMI pour 2021 dans son rapport d'avril 2021, l'Algérie fonctionne  sur 130 dollars le baril, ce qui est intenable dans le temps, nécessitant une plus grande rigueur  dans la gestion.

Avec le niveau de production actuel et les subventions généralisées, tous les rapports montrent que la consommation intérieure dépassera largement les exportations actuelles horizon 2030 hypothéquant les engagements internationaux de l’Algérie. Aussi, la future politique énergétique  l'Algérie doit miser sur l’efficacité énergétique, revoir la politique des subventions généralisées notamment des carburants  et dynamiser la production en baisse, en volume physique, les recettes de Sonatrach n’étant pas tributaire d’une bonne gestion interne mais de l’évolution du cours du niveau international qui échappe  à la décision interne.   Selon  le rapport de l’OPEP de mai 2021 la production  ne dépasse pas 860.000 barils/j,  contre 1,2,à 1,3  million de barils/j  entre 2007/2008, idem pour le gaz où les exportations sont passées pour la même période de 65 milliards  de mètres  cubes gazeux, à environ   55 en 2018  et   40/41 en 2020 selon un ex ministre de l’Energie.  Cela  rend l’urgent un nouveau management  de Sonatrach et  la publication  des décrets d’application  de la loi des hydrocarbures pour attirer les investisseurs si l’Algérie  veut profiter de cette hausse des prix,, aucun expert ne pouvant prédire si elle est conjoncturelle ou durera dans le temps . Car pour le moyen et long terme, il y a urgence d’avoir une vision stratégique de la transition énergétique (Mix énergétique), de revoir le modèle de consommation énergétique  et  développer les énergies renouvelables, afin de s’adapter aux  mutations énergétiques mondiales entre 2025/2030 qui modifieront le nouveau pouvoir énergétique mondial.

Ainsi,  une  gouvernance mitigée due tant à la période antérieure 2000/2019 qu’à la période actuelle combinée aux impacts de l’épidémie du coronavirus qui a touché toute la planète, l’’Algérie n’ayant  pas besoin d’une pléthore de 40 ministères qui se télescopent dont l’expérience récente a montré  le manque de cohérence  et de  management stratégique idem pour  les collectivités locales des micro institutions a entrainé, une dégradation des indicateurs macro économiques  et macro sociaux. Il  y a lieu donc  procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale : tels l’éducation-formation, le savoir  pilier du développement, la santé, la  modernisation de l’agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l’efficacité de l’administration, la relance  des entreprises, à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre  les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines. Dans la pratique des affaires n’existent pas  de sentiments, l'attrait de l’investissement productif y compris les services à valeur ajoutée  qu'il soit étranger ou national reposant  sur la visibilité et surtout sur la confiance, sans laquelle aucun développement n’est possible.  Comme j'ai eu à le rappeler  dans différentes contributions nationales et internationales, largement diffusées entre 1976/2020 afin de rapprocher l'Etat du citoyen se pose l'urgence d'une manière claire pour nos gouvernants de comprendre le fonctionnement de la société loin des bureaux climatisés. Comme effet du manque de vision, le taux de croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d’emploi,  est  en nette diminution, estimée en 2020 à 160 milliards de dollars  et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. 

Cela s’explique par la léthargie de l’appareil de production impacté tant par  sa structure passée que par  l’épidémie du coronavirus, ( selon le patronat  une perte d’emplois  d’environ 500.000 uniquement dans le BTPH) et le tissu économique  fonctionnant s à peine à 50% de ses capacités. Les  entrées en devises  entre 2000/2019 ont été supérieures à 1000 milliards de dollars pour une sorties de biens et services  d’environ 935 milliards de dollars, le solde étant les réserves de change fin 2019 pour un taux de croissance dérisoire  entre 2/3% alors qu’il aurait du dépasser les 9/10% : mauvaise gestion ou surfacturation. Si on applique seulement un taux de surfacturation  de 15%, les sorites illégales de devises  sont supérieurs à 140 milliards de dollars et ce avec la complicité  d’opérateurs étrangers. Il es utile de rappeler qu’en tant que haut magistrat à la cour es comptes (premier conseiller) et directeur général des études économiques entre 1980/1983, ayant été chargé du dossier  du contrôle du programme pénurie et des surestaries, j’avais proposé un tableau de la valeur au niveau du ministère des finances pour détecter ces surfacturations, tableau qui n’a jamais vu le jour car s’attaquant à de puissants intérêts rentiers. Comme ayant eu à diriger  l’audit sur Sonatrach entre 2007/2008 , il a nous été presque impossible  d’avoir une  vision claire de la gestion de Sonatrach  notamment  couts  arrivé au port  tant du baril du pétrole  que du cout  du gaz –MBTU-  faute de comptes physico-financiers  et de comptabilités analytiques éclatés par sections.

Quant à l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2021, non encore adopté par le conseil des ministres, il a prévu  des importations  de biens  à 30,42 milliards de dollars, non inclus  les services (appel à l’assistance étrangère) qui  ont fluctué pour  2010/2019 entre 10/11 milliards de dollars/an. Avec une  coupe de 50%, cela  donnerait une sortie  de devises   de plus de 35 milliards de dollars accroissant les tensions budgétaires et avec 5 milliards de dollars  plus de 40 milliards de dollars si l’on relance les projets gelés et si  l’on exclut l’endettement extérieur. Les prévisions donnent  un déficit budgétaire  record au cours de 130 dinars un dollar, 25,46 milliards de dollars soit 16,0% et 13,6% du PIB. Quant au déficit du Trésor qui s’aggrave, il est prévu 31,85 milliards de dollars. Nous assistons à une dépréciation accélérée du dinar qui est passé d’environ  à 75/78 dinars un euro entre 2000/2005  et qui en  juin 2021 dépasse 133  dinars un dollar  (5 dinars un dollar vers les  années 1970)  et 162  dinars un euro avec un écart d’environ 50% sur le marché parallèle induisant  une inflation importée, malgré les restrictions des voyages.  Les réserves  de change qui tiennent à 70% la cotation du dinar, sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013 ,à 62 fin 2020, 42 fin 2021  et qu’en sera-t-il fin 2021 avec toutes les restrictions qui ont paralysé tout l’appareil de production en 2020 ? Les banques locales  dépassent  45% du total de leurs actifs bancaires avec  une dette publique  par rapport au PIB de 63,3%, prévue  en 2021, contre 53,1% en 2020, et  la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020,mais avec une dette extérieure  faible, 3,6% et 5,2% du PIB  en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020.  Sur le plan macro- social, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories  20/30 ans et paradoxalement les diplômés. L’inflation qui sera de longue durée fonction, des réformes structurelles entre 2000/2020 ,selon   données de l’ONS dépasse, cumulée,  90% et sera supérieure en cumulant l’année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d’achat et les revendications sociales. 

Pour l’Algérie, le population active  dépasse  12,5 millions sur une population totale résidente, 44,7 millions d’habitants au 1er janvier 2021 avec une sphère informelle  représentant selon le FMI 33% de la superficie économique mais  plus de 50% hors hydrocarbures. Elle  contrôle  une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la république, entre 6000 et 10.000 milliards de dinars 30-45% du PIB , différence montrant  l’effritement du système d’information, soit au cours de 130 dinars un dollar entre 46,15  et 76,90 milliards de dollars. Quant  aux  caisses de retraite  selon le  ministère du Travail, en date du 08 avril 2021 le  déficit financier de  la CNR  pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, le CNR enregistrant  un taux de cotisation , estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que  pour  un équilibre , le taux de cotisation devrait  atteindre cinq travailleurs pour un retraité. Encore   que  les transferts sociaux et subventions généralisées, qui représenteront  23,7% du budget général de l’Etat et 9,4% du PIB pour l’exercice 2021 sont intenables dans le temps.  

2.- Les défis du gouvernement réforme du système politique et économique

L’Economie est fondamentalement Politique comme nous l’ont  enseigné ses fondateurs notamment  Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter et plus près de nous les prix Nobel de sciences économiques attribués aux institutionnalistes entre 2000/2017. Les réformes fondement de la transition socio-économique renvoient à la  refondation  de l’Etat  qui implique de  saisir les tendances réelles de la société algérienne face tant aux mutations internes que mondiales. Les exigences d’un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives enclencherait alors une dynamique de complétions positives et rendront la maîtrise des groupes  plus faciles pour la centralité politique nationale. L’autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement mais un acte qui renforce la bonne gouvernance en renforçant le rôle de la société civile, que seules des actions d’intérêts communs doivent légitimer et non le soutien de l’Etat. La refondation de l’Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. La fin de l’Etat de la mamelle, puis celle de la légitimité révolutionnaire,  signifie surtout que le pouvoir bienfaisant ou de bienfaisances inaugurées comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politiques et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir  doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice.

C’est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de  la citoyenneté nationale.  Le passage de l’Etat de «  soutien » à l’Etat de justice   est de  mon point de vue un pari politique  majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation  et l’Etat.  L’Algérie ne peut revenir à elle même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence,  de loyauté et d’innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La compétence n’est nullement synonyme de postes dans la hiérarchie informelle, ni un positionnement dans la perception d’une rente, elle se suffit à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu’elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux.  Et la compétence n’est pas un diplôme uniquement mais une conscience et une substance qui nourrissent les institutions et construisent les bases du savoir afin d’avoir un  impact réel sur la dynamique sociale globale, afin de réaliser les aspirations d’une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité.  La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. La gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive.  Cela implique des réaménagements dans l’organisation du pouvoir devant  poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat  largement influencé  par  les effets de la mondialisation dans le développement économique et social  notamment à travers une réelle décentralisation. Cellule de base par excellence, la commune algérienne a été régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit frappés de caducité. « L’objectif central de la démarche  est de  transformer la commune   « providence  » en « commune entreprise ».

Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale. L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale..  L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes. Il n’y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l’erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue, au profit des actions fiabilisées par des perspectives de long terme d’une part, et les arbitrages cohérents d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion. Si l’on veut un développement durable , permettant l’adhésion  des citoyens Avec le fort taux d’abstention aux dernières élections législatives, taux de participation y compris  les bulletins nuls de 23%, non compris les bulletins nuls 19% s’impose de la restructuration du système partisan et de la société civile. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui  frappent la majorité d’entre elles, de la défiance nourrie à leur égard et à l’endroit du militantisme partisan, se pose cette question si les formations politiques- pouvoir et opposition  sont  dans la capacité aujourd’hui de  faire un travail de  mobilisation et d’encadrement efficient, évitant un affrontement direct  citoyens forces de sécurité  et donc  de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national, assistant souvent à leur déconnexion par rapport à la vitalité de la société toujours en mouvement, d’où l’urgence de leur restructuration. Quant à la société civile force est de constater qu’elle est éclatée y compris certaines confréries religieuses qui avec la désintégration sociale et une jeunesse parabolée ont de moins en moins d’impacts contrairement à une vision du passé. Comme pour les partis, la majorité se manifeste que sur instrumentalisation, vivant du transfert de la rente et non sur la base des cotisations de leurs adhérents. C’est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend urgent l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation.

Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traverse et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et  la verra-t-on se scinder en quatre sociétés civile : premièrement, le premier segment qui a été par le passé le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l’unique des pouvoir publics sont des sociétés civiles appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. ; deuxièmement, nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l’appendice de partis islamiques légaux ; troisièmement, nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership ; quatrièmement, nous avons une société civile informelle, inorganisée, atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante, formant un maillage dense, tous les acteurs voulant un changement, mais du fait de tendances idéologiques contradictoires incapables de s’entendre sur un programme de gouvernement cohérent.  L’intégration intelligente de la sphère informelle, non par des mesures bureaucratiques autoritaires, mais par l’implication de la société elle-même, est indispensable pour sa dynamisation. Car lorsqu’un Etat veut imposer ses propres règles déconnectées des pratiques sociales, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner. Mais ce discrédit de la classe politique traditionnelle n’est pas propre à l’Algérie où le  monde est devenu une maison de verre avec la révolution du système de communication.

3. -Réaliser la transition d'une économie  de rente à une économie hors hydrocarbures afin d’éviter la marginalisation de l’Algérie au sein de l’économie mondiale

Avec l’épidémie du coronavirus , le monde de demain 2021/2030/2040, ne sera plus jamais comme avant, étant à l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance,( l’intelligence artificielle, le digital ) ne devant jamais oublier que toute nation qui n’avance pas recule. D’où l’importance pour l’Algérie afin de relever les  défis, de l’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, qui est une manière pour l’État, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. Comme conséquence, le   monde de demain subira de profondes mutations politiques, militaires, socio-économiques et énergétiques, déclin des hydrocarbures traditionnels, développement des énergies renouvelables, l’hydrogènes 2030/2040 , avec de nouveaux segments engendrant de la valeur ajoutée nouvelle, déclassant les activités traditionnelles.  Nous devrions assister à d’autres relations sociales , de nouveaux comportements et d’autres méthodes de travail avec le développement des vidéo conférences, le télétravail pour certains métiers et des recompositions territoriales autour de grands espaces régionaux pour une population mondiale de 8,9 milliards d’ habitants en 2030 et 9,8 milliards en 2050.

C’est que nos sociétés ont été perturbées depuis l’entrée en puissance des nouvelles technologies à travers Facebbok qui contribuent à refaçonner les relations sociales , les relations entre les citoyens et l’Etat, par la manipulation des foules, pouvant être positif ou négatif lorsque qu’elle tend à vouloir faire des sociétés un Tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des Nations à travers leur histoire, Ces nouvelles dictatures peuvent conduire à effacer tout esprit de citoyenneté à travers le virtuel ,l’imaginaire et la diffusion d’images avec pour conséquence une méfiance accrue par la manipulation des foules, lorsque des responsables politiques formatés à l’ancienne culture ne savent pas communiquer . Mais des dangers guettent le futur monde qui sont la guerre alimentaire et son corollaire l’eau, la guerre numérique (cyber attaque) qui modifiera notre mode de vie. Autre défi majeur, la guerre écologique, cette dernière pouvant conduire avec le réchauffement climatique à des déplacements de populations avec l’élévation du niveau des mers et la sécheresse, à d’importants flux migratoires et des millions de morts, dont l’impact actuellement du coronavirus ne serait qu’un épiphénomène.. L’Algérie célèbre le 05 juillet 2021 la fête de l’indépendance marquant la fin de la colonisation française depuis la conquête de l’Algérie de 1830 à 1871 par la France, qui marquera une longue résistance avec l’avènement du nationalisme avant le déclenchement de la guerre de libération nationale. Toutes les régions du pays de l’Est à l’Ouest,  du Sud au centre où la Kabylie à l’instar de toutes les régions du pays, ont  payé un lourd tribu à la libération du pays et contribué à l’unité nationale.

Du 05 juillet 1962 au 05 juillet 2021, l’Algérie est toujours à la recherche de son destin avec une transition inachevée. Les défis qui attendent l’Algérie sont nombreux et complexes. Tout politique de développement de 2021 à 2025 n'aura de chances d'aboutir que si d'abord l'on tient compte des trajectoires du passé afin d’atténuer les tensions budgétaires et sociales, ayant des incidences sécuritaires, qui seront vivaces.  Cela implique la mise en place de nouvelles institutions débureaucratisées, la  moralisation de la société,  une nouvelle politique socio-économique, s’adaptant aux nouvelles technologies , à la transition numérique,  énergétique  principal défi du futur gouvernement et un minimum de consensus social, tout projet étant porté forcément par les acteurs politiques, sociaux et économiques..  Dans cette conjoncture difficile, le pouvoir n’a pas  besoin de louanges de courtisans, en contrepartie d’une rente, contre productif pour le pouvoir lui-même, mais d’un langage de  l’économie algérienne est dépendante des fluctuations du  cours des hydrocarbures. Comme je l’ai démontré dans un ouvrage parue à l’Office des Publications Universitaires  (OPU  Alger 1983)  « valeur, prix et croissance économique», en référence à la  théorie de la thermodynamique le monde est en perpétuel mouvement. Même la pierre et notre univers (avec le réchauffement climatique influences géostratégiques sur la cartographie géographique mondiale)   que l’on croit inerte se décompose lentement à travers les décennies et les siècles. La société n’échappe pas à cette règle  ou les mouvements culturels ( qui seront prépondérants entre 2030/2040),  économiques,  sociaux, politiques  avec des acteurs  n’ayant pas toujours les mêmes objectifs, engendrent des transformations soit positive sou négatives. Le temps ne se rattrape jamais en économie   que l’on pout définir comme la maitrise  et le gain du temps.  Toute Nation qui n’avance pas  recule  forcément mes de niveau de vie comparée  aux profondes transformations mondiales.

C’est dans ce cadre que le défit du futur président peut se résumer ainsi : soit une véritable stratégie d’adaptation à ce monde turbulent et instable, de profondes réformes afin de favoriser le développement durable ou  une régression de l’Algérie tant dans le domaine économique , social, politique et militaire dans la mesure  ou le  véritable  pouvoir économique mondial et l’influence diplomatique  au niveau de la diplomatie repose sur une économie forte,  où les deux  pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maitrise du savoir étant l’’aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/20030. Il  n’est plus permis aujourd’hui de faire l’impasse sur le rôle que des acteurs résidents, mus puissamment  par des intérêts organiquement liés à la distribution de la rente, qui ont pu à un moment où à un autre peser dans un sens franchement défavorable aux réformes politiques et économiques. De même qu’il n’est plus possible, du point de vue de l’analyse aussi, d’occulter le rôle que d’autres acteurs, externes ceux-là, ont pu jouer dans un sens tout aussi défavorable, motivés qu’ils étaient eux aussi par la défense d’intérêts  de groupes ou de personnes que la poursuite d’un commerce hautement lucratif rendait allergiques à toute velléité de changement et de réformes.  Des acteurs internes aussi bien que des acteurs externes ont agi clairement dans le sens contraire, encourageant et défendant, par des moyens divers, la mise en œuvre de réformes dont la nécessité n’échappe à personne. Comme il n’est plus permis  d’ignorer la nécessaire adaptation de l’Algérie face aux nouvelles mutations mondiales dont son devenir est dans l’espace euro-méditerranéen  et africain expliquant . Aussi les réformes  en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des replâtrages organisationnels, impliquant d’analyser avec lucidité  les relations  dialectiques réformes  et les segments  de la production de la rente ( Sonatrach) et  celui de sa redistribution ( système financier),  bouleversent  des intérêts, les gagnants de demain  n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui. Lorsque  la valeur de la rente des hydrocarbures s’accroit, paradoxalement les réformes  sont  freinées  et l’on assiste à une redistribution passive de la rente  pour une paix sociale éphémère avec l’extension de la corruption  et  une concentration excessive du revenu national  au profit d’une minorité rentière. Cela couple contradictoire rente/réformes explique fondamentalement l’instabilité juridique et  le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale.

4. –Face aux nouvelles mutations mondiales, des réformes synchronisées pour éviter le scénario vénézuélien

Aussi de  profonds changements s’imposent, tout projet étant porté par forcément des forces sociales, souvent avec des intérêts différents, en démocratie les urnes la population tranchant sur le projet de société, où  la minorité politique  se soumet à la volonté de la majorité,  tout en restant une force de propositions .Comment ne pas rappeler que par le passé,(2005), j’ai eu l’honneur de coordonner plusieurs ouvrages pluridisciplinaires , d’une brulante actualité ,ayant  abordé les  réformes politiques, sociales  et économiques, fruit d’un travail collectif à la rédaction duquel ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en économie et en sciences politiques des universités d’Oran et d’Alger (Casbah Editions deux volumes 520 pages sous le titre réformes et démocratie- 2005). A cette époque  j’avais donné plusieurs conférences  aux universités  de Annaba, de Constantine, de  Tizi Ouzou, de Bejaia ,  Mascara , Sid Bel Abbès, Tlemcen, d’Oran, à l’Académie militaire Inter- Armes de Cherchell, avant de clôturer à l’école nationale  d’administration d’Alger (ENA)  et ce afin  pour expliquer notre démarche   fondée  sur l’alternance démocratique tenant compte de notre authenticité, afin d’arriver à une économie diversifiée hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales avec l’avènement de la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030 Que de perte de temps  et dommage que nous n’avons pas été écoutés.

La solution se trouve dans le dialogue productif avec des concessions réciproques privilégiant uniquement l’avenir de l’Algérie, entre le pouvoir, l’opposition.  Dans le cas du retour au FMI  2021/2022, il serait utopique tant pour le pouvoir, l’opposition  de parler d’indépendance sécuritaire, politique qu’économique. Nous aurons alors des incidences géostratégiques négatives de déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine  que ne souhaite ni les USA, ni l’Europe, ni d’ailleurs aucun  algérien patriote, comme je l’ai souligné dans  deux interviews entre 2017/2018 à AfricaPresseParis, l’autre  à l’American Herald Tribune « Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges. L'efficacité des institutions, sous  réserve d’une planification stratégique qui  devra, s’articuler autour de grands ministères homogènes  et de 5/6 grands pôles régionaux économiques, pour faire face à la crise économique  et redonner confiance aux citoyens. Comme je l’ai souligné lors de deux  récentes interviews au niveau national  le 27 juin 2021 à une télévision algérienne, le 01 juillet 2021 à Chourouk  et au niveau international le 30/06/2021 à Maghreb Voices (USA),  du fait de vives tensions économiques et sociales, sans oublier les tensions géostratégiques au niveau de la région, le défi du futur gouvernement est avant tout économique afin d’asseoir la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, impliquant de profondes réformes structurelles, douloureuses à court terme, nécessitaient  une forte cohésion sociale, malis porteuses d’avenir à moyen et long terme  La Banque d’Algérie vient de décider le 30 juin 2021 d’un programme spécial de refinancement de l’économie nationale d’une durée d’une année. S’élevant à 2100 milliards de dinars soit au cours moyen de 130 dinars un dollar un montant colossal de 16,15 milliards de dollars.

Dans ce cadre je ne saurai trop insister  sur l’urgence de  synchroniser la sphère réelle et la sphère financière, la dynamique économique et la dynamique sociale, la vision  purement monétariste, la planche à billets  (  sans contrepartie productives, sous prétexte de ne pas aller vers l’endettement extérieur, l’Algérie souffrant de rigidités structurelles, la théorie néo keynésienne étant inapplicable et   du manque de devises et non pas de dinars, sous prétexte  d’éviter l’endettement extérieur  qui peut être positif s’il est ciblé et créateur de valeur ajoutée, et la dévaluation du dinar  pour combler artificiellement  el déficit budgétaire , politique qui conduira inéluctablement  au scénario vénézuélien avec  une faillite de l’économie marquée  par  une hyperinflation et de vives tensions sociales avec un impact sécuritaire. C’est que l’Algérie possède d’importantes potentialités pour surmonter la crise actuelle sous réserve de profondes réformes, d’une nouvelle  gouvernance, la lutte contre la bureaucratie qui enfante la sphère informelle et la corruption et une bonne gestion pouvant fonctionner  à un baril entre 60/70 dollars( voir notre interview à Radio Algérie internationale 30/06/2021). Une autre politique d’impose , notre pays ayant   besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit   d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie  qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’un même projet, d’une même ambition et d’une même espérance afin  de  faire de l’Algérie un pays émergent. 

ademmebtoul@gmail.com

Références

Ouvrage collectif sous  la direction du professeur Abderrahmane MEBTOUL «  Les enjeux de l’Algérie : réformes et démocratie »  2 volumes Casbah Edition Alger- 2005 (520 pages)  -Interviews   à l’American Herald Tribune 28 décembre 2017 (58 pages)  et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017  « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain » 11 aout 2018  à l’American Herald Tribune   " bilan et les perspectives de l’économie algérienne 2018/2020/2030 "– en anglais (USA -Ouvrage collectif « les enjeux géostratégiques de l’intégration du grand Maghreb » Edition Harmattan Paris/ France – 2015 sous la direction d’Abderrahmane Mebtoul et de Camille  Sari deux ouvrages (1050 pages)  Le premier ouvrage collectif s’intitule,  quelle gouvernance  et quelles institutions au Maghreb face aux enjeux géostratégiques Le second ouvrage collectif traite de l’intégration économique maghrébine, un destin obligé.»- Conférence du Pr Abderrahmane Mebtoul  au colloque international Ministère de la défense nationale – Institut  de Documentation, d’Evaluation et  de  Prospective : « Sécurité collective  et  nouvelles conflictualités : les défis contemporains de la construction de la paix  qui se tiens Alger 8 janvier 2019 et à l’Ecole supérieure de guerre  Ministère de la défense nationale – les impacts stratégiques sur l’économie algérienne des fluctuations du cours des hydrocarbures Alger 19 mars 2019



Voir tous les articles de la catégorie "Eclairage éco"