L'écrivain Mohammed Dib, durant ses jeunes années, a été fasciné par la lecture du célèbre roman d'Ivan Goncharov, "Oblomov", publié en 1859.
Le personnage central de ce roman à thèse est un aristocrate oisif, qui symbolise, dans la culture russe, le prototype de l'homme paresseux et sans envergure, qui renonce à ses ambitions pour se vautrer dans une espèce d'inertie rêveuse et dramatique.
Ce refus ou cette impossibilité d'agir, de forger sa propre destinée, d'aller de l'avant et d'inscrire sa présence féconde au monde parmi l'Oeuvre commune, ont interpellé l'écrivain algérien, car ils sont peut-être le reflet de l'impuissance de l'homme arabo-musulman, rongé par la nostalgie d'une gloire ancienne soldée à vil prix, à relever les défis multiples que lui imposent aussi bien la modernité que sa propre survie!
La figure de "l'homme sans vocation", jeté dans le monde, sans décision à prendre et sans projet, dont le ressort vital est brisé, qui est figé dans l'irrésolution et l'irresponsabilité, hante le malheur arabe et musulman d'aujourd'hui.
Pourtant tout ce qui se fait de sublime et de grand sur terre est le fruit de l'effort consenti, du devoir accompli, de la soif d'apprendre, de la volonté de devenir meilleur, du sens du sacrifice et du "bel agir" (el-Ihsane), les somptueux visages des hommes de lumière ... et de vocation.