Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international
Le plan d’action du Gouvernement adopté par le Conseil des ministres, le 14 juin 2017, a relevé que la crise des prix du pétrole s’installe dans la durée. Pour preuve le cours du Brent se cote depuis quelques jours à moins de 50 dollars US. Cela impose à l’Algérie des défis majeurs exigeant notamment la dynamisation des réformes à mettre en place, actions socio-économiques, que je résumé en sept axes directeurs.
1- La nécessité de poursuivre la mise en œuvre de la politique de rationalisation budgétaire adoptée l’année dernière pour redresser les finances publiques à l’horizon 2019.
2- Pour ne pas trop impacter les programmes publics d’investissements, promouvoir des financements internes non conventionnels qui pourraient être mobilisés pendant quelques années de transition financière.
3- Eviter le recours à l’endettement extérieur et de contenir davantage encore le volume des importations de biens et de services à l’effet de préserver les réserves de changes du pays.
4- Poursuivre la mise en place du nouveau modèle de croissance adopté en 2016 par le Conseil des ministres, y compris son volet de réformes pour l’amélioration de l’environnement de l’investissement, et la modernisation du système fiscal, des banques publiques et du marché financier.
5- Valoriser davantage toutes les ressources et richesses dont dispose le pays, y compris les hydrocarbures fossiles conventionnels et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables.
6- En matière de justice sociale et de solidarité nationale, de travailler à une plus grande rationalisation de cette politique sociale, y compris par un meilleur ciblage des subventions publiques.
7- Une politique efficace de communication en direction de l’opinion publique, et une concertation continue avec les partenaires économiques et sociaux.
A un cours du Brent 50/52 dollars, les recettes de Sonatrach, représentant 98% des entrées de devises, seraient entre 30/32 de dollars, milliards (à soustraire 20% de coût), pour éviter l'endettement destiné non aux secteurs créateur de valeur ajoutée, tout en renouant avec la croissance et en respectant les engagements internationaux de l'Algérie ( les restrictions quantitatives des importations ne signifiant pas interdiction, étant prévues dans les accords en cas de difficultés des balances de paiement-normes cout/qualité), s'offrent plusieurs solutions :
1- Il s’agira pour le gouvernement de présenter avec une échéance précise datée, de mener à bien les réformes globales avec la nécessaire synchronisation des actions sectorielles tenant compte des inévitables tensions budgétaires soulignées avec force lors de ce conseil des ministres qui a mis en relief les contraintes extérieures et intérieures notamment , donc avoir une véritable stratégie loin de tout populisme.
2- Comme je le préconise depuis des années aller rapidement à travers une chambre nationale de compensation, vers des subventions ciblées au profit des catégories défavorisées,
3- Une plus grande rigueur budgétaire, la lutte contre la mauvaise gestion, les surfacturions et la corruption,
4- Dynamiser le secteur privé et le partenariat public/privé national/ international ce qui suppose de lever la contrainte de la règle des 49/51% pour les segments non stratégiques
5- Financer, la partie dinar, des projets par la planche billets mais avec un risque inflationniste en cas de non rentabilité des projets à terme,
6- Recourir aux réserves de change d’environ 100 milliards de dollars actuellement pour la partie devises, des importations nécessaires à la population et aux segments productifs devant revoir les cahiers de charges pour les avantages financiers et fiscaux qui doivent être modulés, des projets dont le taux d'intégration est inférieur à 30/40% et n'exportant pas,
Qui dit donc réformes et approfondir le modèle de croissance adapté en Conseil des Ministres, dont j'ai eu l'honneur d'y contribuer indirectement à travers plusieurs audits que j'ai eu à diriger pour le gouvernement (2013/2015), c'est mettre en place les mécanismes d’une économie de marché concurrentielle à finalité sociale (cohésion et dialogue social), qui a ses propres règles de régulation. Loin de tout monopole bureaucratique, qu'il soit public ou privé.
(1) Un débat aura lieu sur le programme du gouvernement - Radio Algérie Internationale auquel participera le professeur Abderrahmane Mebtoul le 15 juin 2017