La mise en place de l’Autorité de régulation de la presse écrite revient au devant de la scène, et c’est le président de la république lui-même qui en parle. C’était vendredi, dans son message, l’occasion de la journée nationale de la presse. Claire, net et précis, le chef de l’Etat dit exhorter « la corporation de la presse écrite et les autorités publiques concernées à œuvrer ensemble pour accélérer la mise en place de l’Autorité de régulation de la presse écrite, stipulée par la loi »
Le fait pour le président de la république de reprendre la main sur ce dossier, se donne à lire comme un ordre au ministre de la communication de procéder à la mise en place de cette instance dont l’existence, tout comme l’ARAV, figure dans le code de l’information.
Il se trouve que le ministre de la communication est hostile à l’existence d’une telle institution, considérant qu’elle est « inutile ». On se souvient qu’au plus fort de la controverse au sujet du rachat du groupe de presse El Khabar, par le groupe agro-industrielle CEVITAL, il avait multiplié les déclarations abondant dans le sens de l’inutilité d’une telle instance, citant même l’exemple de certains pays où elle n’existe pas. Les observateurs avaient alors compris l’opposition du ministre à l’instance de régulation comme une volonté de sa part de garder la haute main sur la presse écrite, qui sous-tend de gros enjeux.
On se souvient aussi que seul Ahmed Ouyahia, au cours d’une conférence de presse, avait rappelé la nécessité de cette instance, en complément de l’ARAV. On se demande d’ailleurs si ce n’est pas le même Ouyahia, le chef de cabinet qui a soufflé au président cette idée.
Maintenant que le président a parlé, plus de place à la tergiversation, le ministre de la communication n’aura d’autres choix que de mettre en branle le processus, qui risque tout de même d’être long, car il doit passer par la case des élections. Et avec les divergences idéologiques et d’intérêts qui traverse la corporation, la partie ne sera pas qu’une simple formalité.