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Indemnités viagères des ex-membres du CNT: un autre visage de la prédation institutionnalisée

04-03-2021 11:03  N. S

La polémique, sur fond de révélations des grosses  indemnités des ex membres du Conseil national  de transition (CNT), entre 1994 et 1997, continue de faire des vagues dans le landerneau politique, à la lumière des sorties successives  Abdelkader Bengrina, Zoubida Assoul et Soufiane Djilali qui ont se sont évertués à   démentir  les propos du sénateur du FLN, Abdelwahab Benzaim, sabre au clair ceux qu'il accuse d'être des indus bénéficiaires.

La polémique a pris, ces dernières quarante-huit heures, une tournure toute  personnelle entre Soufiane Djilali et Abdelwahab Benzaim, qui se sont livrés, via les médias et les réseaux sociaux à un rentre dedans  violent avec des coups sous la ceinture . Au plaisir des internautes qui savourent l'échange percutant.

Soufiane Djilali accusant le jeune sénateur du FLN  de pratiquer de "la politique politicienne" ou encore du "populisme" en faisant sa révélation sur les indemnités, en ce moment précis. Ce qui n'est pas, au demeurant, complétement faux, mais à la guerre c'est comme à la guerre. Et, en l'occurrence,  la guerre des futures législatives qui  a déjà commencé entre Jil Jadid et le FLN, un parti qui est actuellement  en quête de réhabilitation auprès de l'opinion,  dès lors que le pouvoir nouveau de "l'Algérie nouvelle" n'en veut plus.

Mais par rapport au fond de l'affaire des indemnités, Soufiane  Djilali n'a dit qu'une demie vérité et donc un demi mensonge, car ces indémnités ne sont pas une fiction, elles existent bel  bien. Abdelwahab Benzaim ( qui maintient d'ailleurs ses propos sur sa page Facebook), s'est juste trompé sur le montant ; au lieu de 420.000 dinars mensuels, c'est 230.000 dinars, selon le chiffre révélé par Zoubida Assoul, elle même concernée et citée dans la liste qui circule sur les réseaux sociaux.

Le sénateur du FLN se trompe sur les chiffres, mais pas sur le principe, puisque  les membres du CNT perçoivent depuis 24 ans une rente pour trois années de services rendus (dans des conditions difficiles, il est vrai), alors que dans tous les pays du monde un parlementaire ou un ministre a droit à un ou deux ans (c'est selon) de salaire, le temps  de retrouver un travail.   

La question à se poser est :  de quel droit ? Oui, de quel droit ces simili parlementaires émargent au Fonds spécial de retraite des cadres supérieurs de la nation,  en touchant à vie  230.000 dinars. C'est un salaire conséquent, lorsqu'on sait que plus de six millions d'Algériens, comme l'a révélé le président Tebboune, en évoquant la suppression de l'IRG, touchent moins de 30.000 dinars.

C'est d'autant plus injuste que nombre de ces membres de l'instance consultative avaient profité  de leurs position et de leur relations pour obtenir des crédits bonifiés afin de  lancer des affaires dans divers créneaux.   Et donc de s'assurer d'autres sources de revenus, en plus des indémnités. 

En fait, cette polémique sert de révélateur, elle témoigne de la déliquescence morale de l'Etat depuis plusieurs décennies. C'est un autre visage de la prédation financière institutionnalisée. Et ceux qui se font forts, aujourd'hui  de tirer à tout bout de champ sur la ISSABA, (parce que c'est politiquement correct),tout en se parant des atours de la vertu morale, devraient  se regarder le matin dans le miroir. Et refréner  un peu leurs ardeurs teintées de  donquichottisme frelaté. 



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