La petite bourgade historique de Kherrata (à l'est de la wilaya de Béjaia), a vibré mardi en souvenir de 16 février 2019, ce jour où des centaines de citoyens avaient pris d'assaut la rue dans ce qui sera (pour l'histoire) le prélude au Hirak populaire qui a pris officiellement son essor le 22 février à la place du 1er mai, à Alger.
Dans une volonté de faire répéter l'histoire, des milliers de citoyens, venus de plusieurs wilayas, se sont donnés rendez-vous sous un ciel bleu azur de cette localité, pour tenter de rallumer la flamme du Hirak, "confiné politiquement", pour cause de la Covid-19.
Bravant le risque d'une contamination au Covid-19, des "hirakistes" par milliers, formant une masse joyeuse, chantante, bigarrée, ont battu la semelle sur la principale avenue de la localité, pour revisiter les mots d'ordre du Hirak qui n'ont pas pris une seule ride.
"Yetnehaw Gaâ' (Ils partiront tous), "Algérie libre et démocratique", "Dawla Madania laissa Askaria", "Non aux élections frauduleuses", ont scandé les milliers de marcheurs anonymes et parmi lesquels on a pu distinguer certains leaders politiques qui ont tenu à faire le déplacement.
Karim Tabbou, Mohcine Bélabbas, maitre Mustapha Bouchach, Zoubida Assoul, se sont fendus dans la foule mouvante pour réclamer "le départ du système" et "la satisfaction des revendications du Hirak ».
Emblème national vert, blanc, rouge, porté de part et d'autre par des dizaines de mains, à côté du drapeau Amazigh, led deux ont flotté haut, au souffle d'une brise frisquette qui a baigné l'atmosphère. Comme au temps des premiers vendredi du Hirak à Alger.
Une pensée pour les détenus du Hirak, Khaled Drareni, Rachid Nekkaz, Brahim Laâlami, dont les portraits sont brandis par les marcheurs qui ont martelé tout au long de la procession la revendication de leur libération.
La "manif" pacifique s'est achevée dans le calme, les Hirakistes ayant repris le chemin du retour chez eux en se donnant rendez-vous lundi prochain à Alger pour le deuxième anniversaire du Hirak. Avec néanmoins cette question de savoir si les autorités laisseront faire, la pandémie du Coronavirus étant le principal obstacle aux démonstrations de rue.