Sur le long chemin de sa "Révolution du sourire", le Hirak a marqué, en ce vendredi printanier du 02 avril, son 111ème rendez-vous avec la rue. Dans plusieurs villes, les citoyens ont encore battu la semelle pour jurer "manach Habssin" (on va pas s'arrêter).
Annaba, Constantine Skikda, Bordj Bouareridj, Bouira, Béjaia, Tizi-Ouzou, Ouargla, selon les "lives" diffusés sur les réseaux sociaux, ont répondu à l'appel qui devient un rituel hebdomadaire, après la prière du vendredi.
Mais c'est Alger, l'épicentre, le cœur battant du Hirak, que la foule des grands jours s'est déversée par dizaines de milliers sur tous les boulevards et rues qui convergent vers la Grande poste où la Police assure le service public .
Les premiers groupes de marcheurs ont "allumé la mèche" en fin de matinée, le long du boulevard Didouche Mourad, avec les habituels slogans "Djazair Horra Démocratia" et "Dawla Madania Laissa Aaskaria", et drapeau vert, blanc et rouge ostensiblement arboré.
A la fin de la prière, la "manif "est très vite montée en puissance, pour voir des milliers de citoyens, hommes, femmes, jeunes, vieux, tapis de prière sur l'épaule hâter le pied pour se joindre à la procession mouvante surplombée par des drapeaux des banderoles, pancartes...
Encore une fois l'armée en a pris pour son grade avec plusieurs slogans hostiles, dont "Etat civil , non militaire" clamé par des milliers de voix qui ont dit aussi "Non aux élections du 12 juin prochain".
"Vous nous achèterez pas avec des logements", un autre mot d'ordre qui a fait son apparition ce vendredi dans la bouche des manifestants qui refusent de troquer leurs voix pour un logement AADL, "même si c'est notre droit" soutiennent-ils.
Le Hirak est-il à bout de souffle ? Que Nenni rétorque ferme l'universitaire et sociologue Nasser Djabi qui se réjouit de voir "autant de monde dans la rue , après une année de rupture", le spécialiste des questions sociales ne partage pas non plus l'idée selon laquelle les islamistes de Rachad agissent en sous-marins pour mettre une OPA sur la "Révolution du sourire " qui , ajoute t-il, "continue de brasser toutes "les composantes idéologiques, sociologiques et générationnelles de la société algérienne".
Le point de vue du sociologue et animateur du Hirak n’est pas absolu, d'autres jugeant que "le temps est venu pour faire "passer le Hirak du stade de la revendication au stade de la proposition", sous peine de le voir finir en eau de Boudin.
En attendant cette nouvelle voie le Hirak continue sa marche. Rendez-vous vendredi prochain pour la 112ème.