Abdelmalek Sellal a réuni lundi les cadres de la Sonatrach, au lendemain de la nomination d’un nouveau directeur général, Amine Mazouzi. Parce que Sonatrach est le fer de lance de l’économie algérienne, que le Premier ministre a tenu à rassurer les cadres, en les exhortant à faire preuve d’initiatives « sur le plan technique ».
Il profitera pour donner au passage un chiffre : 18 millions de tonnes correspondant à la demande des produits pétroliers avec une forte croissance de la consommation des essences (7,9 % par an) et du gasoil (5,7%).
Sellal élargira son discours pour évoquer la situation économique du pays. Il confiera que les dépenses budgétaires de l’État ont enregistré une baisse sur le 1er trimestre 2015. Une baisse qui serait la conséquence de mesures de rigueur prises par le gouvernement pour faire face aux conséquences de la baisse des revenus pétroliers.
Dans son intervention, dans laquelle il a présenté, entre autres, les principaux résultats financiers du 1er trimestre de l'année en cours, Sellal a fait savoir que les dépenses budgétaires avaient baissé de 1,25% durant cette période, tandis que les réserves de change ont augmenté de 1,8 milliard de dollars sous "l'effet croisé de la baisse des flux de réserves de change et de leur valorisation positive".
Néanmoins, le rapatriement sur les exportations d'hydrocarbures a baissé de 45% durant le 1er trimestre de 2015, soit un recul de 7,8 milliards de dollars, a précisé M. Sellal. Quant au solde de la balance des paiements, il s'est établi à 1,7 milliard de dollars au 1er trimestre 2015 contre 1,8 milliard de dollars en 2014.
Ces « bons » chiffres n’empêchent pas le Premier ministre d’admettre que la situation à laquelle est confrontée le pays est « délicate », du fait de la baisse des prix du pétrole avec le risque de voir celle-ci se prolonger dans le temps et donc d'impacter négativement les ressources des producteurs pétroliers dans le monde.
Cela étant, la situation au plan macro-économique reste largement sous contrôle grâce à des réserves de change et du faible endettement externe. Par ailleurs, il a relevé que l'objectif arrêté par le gouvernement d'atteindre un taux de croissance économique de 7% à l'horizon 2019 constituait "un défi que nous devons relever tous ensemble".
Face à cette situation, il a indiqué que le gouvernement a pris certaines ''mesures d'ajustement" portant sur la rationalisation des dépenses budgétaires et le report, en dehors des secteurs sociaux, de projets d'investissements considérés non prioritaires.
Il a aussi cité comme mesures le recours au marché financier pour les investissements à caractère marchand, la réduction des importations, la lutte contre les transferts illicites de capitaux par un plus grand contrôle du commerce extérieur et de ses modes de paiement (Crédoc...) et la mise en place des licences d'importation.
Sellal annoncera aussi la loi de finances complémentaire prévue pour juillet 2015. Elle contient un certain nombre de dispositions tendant à booster la production nationale et à la privilégier par rapport aux activités d’importation. L’une de ces mesures est la baisse de la TAP (taxe d’activité professionnelle) ainsi que la révision de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) au profit des investisseurs dans les secteurs productifs.
Dans la loi de finances ordinaire importateurs et producteurs sont logés à la même enseigne par rapport à l’IBS, une aberration dénoncée alors par les chefs d’entreprises qui y ont vu une façon sournoise d’encourager l’importation sur la production. Si les produits de large consommation comme le lait et le pain continueront d’être soutenus, l’État, selon Sellal est décidé à récupérer l’argent qui circule dans les circuits informels.
Et le chiffre est astronomique : c’est pas moins de 40 milliards de dollars. Mais comment l’État s’y prendra t-il ? Sellal n’en dira pas plus. Autre mesure, le réajustement des prix des carburants, non pas pour pénaliser les citoyens mais pour tenter d’endiguer la fuite des produits pétroliers liquides au niveau des frontières.