Sauf contre-temps de dernière minute, la visite du premier ministre français Manuel Valls à Alger demain samedi, à la tête d’une importante délégation, dont le ministre de l’économie, Manuel Macron, est maintenue. La possibilité d’un report sine die a été évoquée jeudi dans la presse nationale qui s’est appuyée sur cette subite montée de tension entre Alger et Paris, sur fond du scandale « Panama papers », outrancièrement manipulé par la presse française pour noircir l’image de l’Algérie.
Pourtant, les relations entre les deux pays ont connu une embellie exceptionnelle, sous l’impulsion du président Bouteflika et son homologue, le socialiste François Hollande, qui ont exprimé à maintes reprises la volonté politique des deux pays de regarder l’avenir, pour promouvoir le fameux » partenariat d’exception », la formule inventée par l’ex ministre des affaires étrangères de Mitterrand, Hubert Védrine.
Ce partenariat d’exception s’est traduit sur le terrain par l’aboutissement de plusieurs projets sur le plan économiques, dont l’emblématique usine Renault à Oran, en attendant l’aboutissement du projet Peugeot. Mais depuis quelques temps, la presse française, plutôt bienveillante à l’égard de l’Algérie jusque-là, a brusquement changé de tonnalité. Tour à tour, les grands quotidiens parisiens Le Monde, le Figaro, Libération y sont allés de leurs élucubrations pour dénigrer l’Algérie, souvent dans des articles peu professionnels, truffés d’approximations et de contre vérités.
Le Figaro est allé dans son bricolage jusqu’à qualifier le ministre actuel de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, « d’ami d’enfance » du président Abdelaziz Bouteflika ! du n'importe quoi !
Mais la goutte qui a fait exploser carrément le vase, c’est cette « UNE » tendancieuse du Monde dans lequel le « très sérieux » journal parisien a voulu associer l’image du président Bouteflika au scandale international « Panama papers ». Certes , la rédaction du journal a apporté un petit rectificatif, en pages intérieures, au lieu et place de la Une, mais le mal est fait.
La multiplication de ces articles hostiles à l’Algérie, en un si court laps de temps ne saurait être le fait d’une pure coïncidence. Encore moins dans la presse française en général qui ne s’incombe jamais le principe de la neutralité et de l’objectivité quand il s’agit de parler de l’Algérie dans des articles où « le retour du refoulé » est toujours latent.
En tous cas les autorités algériennes sont en droit de parler d’une « campagne de presse hostile à l’Algérie ». Et pour le coup, le ministre des affaires Etrangères Ramtane Lamamra a eu la réaction juste en convoquant mercredi l’ambassadeur Français à Alger, Bernard Emié pour lui faire part de la mauvaise humeur des autorités algérienne. M. Lamamra « a fait valoir le fait que ladite campagne malveillante et fallacieuse - que l’invocation de la liberté de la presse ne saurait aucunement justifier - a atteint son paroxysme avec des manipulations diffamatoires délibérément dirigées contre l’institution présidentielle », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
M. Lamamra a, dans ce contexte, « souligné la nécessité morale et politique que des autorités françaises qualifiées marquent clairement leur réprobation de cette campagne qui est incompatible avec la qualité et le niveau des relations algéro-françaises », ajoute la même source. Jeudi, c’est le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui a pris le relai pour dire qu’ « il y a des lignes rouges à ne pas franchir ». Selon lui, l’Algérie ne saurait accepter qu’il soit porté atteinte à ses institution, au nom de la liberté de la presse ».
Est-ce que le message d’Alger via la convocation de l’ambassadeur français a été reçu cinq sur cinq de l’autre côté de la Méditerranée ? Les autorités françaises ont-elles ressenti cette « nécessité morale et politique » d’exprimer leur « réprobation » par rapport à cette nouvelle poussée de violence contre l’Algérie. En tous cas, la visite de Manuel Valls sera l’occasion de mette les choses à plat. De tirer surtout un bilan sans complaisance ni hypocrisie de ce fameux « partenariat d’exception » à sens unique, sur le plan économique et sur le plan diplomatique aussi avec ce parti pris flagrant de Paris en faveur des thèses marocaines dans le dossier du Sahara occidental.