La Ligue française des droits de l'homme (LDH) a réitéré aujourd'hui son appel aux plus hautes autorités de l'Etat français pour que "la vérité soit dite" sur le militant de la cause de l'indépendance algérienne, Maurice Audin, arrêté par les parachutistes en 1957 et jamais revu depuis.
L'Organisation rebondit sur ce qu'elle considère comme une "affaire pendante", en mettant un avant un manuscrit du colonel Godard, alors ancien commandant de la zone Alger-Sahel, qui contient, dans un passage rendu public par l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur (dans ses numéros 2469 et 2472, du 1er et du 22 mars 2012), de " nouvelles " informations sur la mort du mathématicien français.
Contredisant la thèse officielle selon laquelle Maurice Audin se serait évadé, Godard affirme qu'il a été tué par les militaires qui le détenaient et mentionne même le nom de celui qui aurait mis fin à ses jours, le sous-lieutenant de l'infanterie coloniale, Gérard Garcet, aide de camp du général Massu. A cet effet, la LDH s'adresse aux plus hautes autorités de l'Etat pour qu'elles répondent enfin à la demande de sa veuve, Josette Audin, et qu'on lui dise la "vérité" sur la disparition de son mari.
Le jeune mathématicien, arrêté à son domicile à Alger par les parachutistes durant la guerre de libération nationale, en juin 1957, et transféré par eux au centre d'interrogatoire d'El Biar n'a jamais été revu vivant. L'Etat français porte l'affaire comme un fardeau, le crime n'ayant pas à ce jour été élucidé, comme d'ailleurs beaucoup d'autres faits coloniaux. Sa veuve, Josette, ne croit pas à la version donnée par l'armée française, selon laquelle Maurice se serait évadé après son interpellation. Il fût arrêté par les parachutistes français et "torturé avant d'être exécuté ", maintient-elle, cherchant sans relâche, cinquante-sept ans après," la vérité sur ce drame".
En hommage à son sacrifice, une place a été baptisée de son nom au coeur d'Alger. Une place Maurice-Audin est inaugurée le 26 mai 2004 à Paris par le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, dans le 5e arrondissement. Une Association éponyme organise un prix de mathématiques décerné chaque année à deux lauréats, un mathématicien exerçant en Algérie et à un mathématicien exerçant en France.